Par un beau midi ensoleillé, Akelia enfila manteau et bottes pour aller affronter la jungle urbaine près de chez elle. À peine sortie de la cour, elle constata que les effets du Boxing Day se faisaient sentir avant le temps. La valse des bouchons de circulation, accrochages, klaxons, hystérie collective, tôle froissée, gros mots et cheveux tirés était au rendez-vous.
Chemin faisant, Akelia comptait les signes d’impatience qui s’accumulaient autour d’elle: tout promettait l’enfer dans le centre commercial. Notre jeune héroïne hâta le pas, histoire d’arriver avant le flot d’automobilistes enragés qui allaient bientôt se battre pour avoir le parking le plus près de l’entrée. L’entrée dans le centre commercial s’effectua sans heurts, ce qui généra une surprise à peine dissimulée derrière les Oakley de la jeune fille.
Rapidement, elle entreprit de faire du slalom entre les enfants déchaînés, les mères avides, les pères impatients, les grands parents étourdis et les commerçants survoltés. Heureusement, quand Akelia fait du shopping, elle sait d’avance où aller, comment y aller, et ce qu’elle va chercher. Le chemin à parcourir entre son appartement et la boutique Roots n’était donc qu’une formalité. L’ennui de cette formalité, c’est que justement, on ne peut pas la contourner…
Arrivée à destination, il ne restait plus à Akelia qu’à espérer pouvoir faire l’acquisition de la veste en laine polaire qui lui faisait tant envie. (Un seul modèle de la bonne taille restait, aux dernières nouvelles…) Se faufilant habilement entre les clients, Akelia attrapa au vol la veste et se rendit directement à la caisse. “Vente finale et–” “Je sais. Merci. Aurevoir.” Mission accomplie. Akelia avait fait son devoir de consommation pour la journée.
Maintenant, elle pouvait s’adonner à son activité préférée dans les centres commerciaux: marcher sans regarder où elle va, changer de direction sans avertir, s’arrêter de la même façon (bref, agir comme le consommateur moyen), et surtout, observer les shoppigneurs aguerris (moyens) interpréter le concerto pour cartes de crédit en compte bancaire mineur opus VISA numéro 45. Le bal était commencé. Dans sa tête, Akelia fredonne un petit Requiem pour les différents vendeurs/vendeuses qui allaient se taper une journée complètement débile. Mais tout petit, le Requiem, hein… Il ne faut pas pleurer l’énergie et l’argent dépensés inutilement, mais bien se réjouir de toutes ces belles choses dont on a pu faire l’acquisition !!
Consommer, profiter, s’endetter, voilà la devise de l’Amérique du Nord… Quel beau continent ! Qu’il y fait bon vivre ! Respirez à fond l’odeur de l’octane brûlé, ce parfum suave et subtil, qui se mélange si agréablement à la fumée de cigarette et à la fragrance féminine périmée… Vous voulez venir passer vos prochaines vacances ici ? Réservez longtemps d’avance, les centres commerciaux sont très populaires…
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