Céans, j’invente un nouveau concept: les Akelian Points (AP). Ces points sont collectés à chaque événement vécu qui demande des efforts: patience, calme, rigueur, discipline, contrôle de la respiration, peu importe. Dès que c’est difficile, Akelia gagne des Akelian Points. Y’en a qui ramassent des Air Miles, moi c’est ça.
Faisons le compte pour aujourd’hui, voulez-vous ? (Bien sûr, Ô Grande Lady Akelia (patate !)…) Merci.
– Réveil à 7h20 par les tonitruants voisins du haut : 4 AP.
– Rater Beni sur MSN à 20 minutes près: 5 AP.
– Emerger au rythme des voisins d’en haut: 8 AP.
– Manger un yaourt pêche & mangue: – 8 AP (j’ai découvert le seul yaourt aux pêches que je supporte et c’est tout un exploit alors ça vaut 8 AP).
– Faire la litière du chat: 3 AP.
– Passer le balai dans tout l’appart: 3 AP.
[Ellipse durant laquelle j’ai pris ma douche, ramassé mes trucs, et filé vers l’Université pour aller en classe.]
– Supporter ma grande folle pendant 3 heures: 42 AP. (Souvenez-vous de cet hurluberlu que j’avais dans mon cours de Géo de l’Asie du Sud-Est… Rebelote cette session-ci, et dans 2 cours en plus.)
– Recevoir une assignation photo de dernière minute pour ce soir 17h: 3 AP.
– Me rendre à ladite assignation et poireauter 1h15 avant de pouvoir faire des photos: 29 AP.
– Devoir déplacer ma voiture toutes les 30 minutes à cause des horaires de stationnement à la con en vigueur dans le secteur: 18 AP.
– Me faire bouffer tout le terrain par un autre photographe en plein shooting: 45 AP.
– Picoler un verre de bière et un verre de vin sur le bras de l’organisation: – 23 AP (le vin était horrible).
[J’en profite ici pour faire une petite parenthèse entre crochets à propos de ces assignations que j’ai parfois.
La plupart du temps, je fais les photos pour la section des Arts & Spectacles du journal, ce qui signifie que je dois photographier ce qu’il convient d’appeler “des artistes”. Or, s’il y a une chose que je trouve incommensurablement débile, c’est d’appeler tout ce qui s’apparente à un vague mouvement culturel “de l’art”.
Ce soir, c’était l’inauguration d’une radio sur internet, mais je pourrais donner des exemples à la tonne: des vernissages, des concerts, des conférences, des performances d’art visuel, nommez-en. Jusque là, on m’envoie faire clic-clic, ça va. Mais quand le truc est prévu pour une heure précise et que ça commence en réalité 1h15 plus tard, déjà, je grince un peu des dents. Et si en plus je suis reçue comme le cancrelat qui vient de se faire découvrir sous un tapis humide, là, j’ai envie de sortir les griffes.
Messieux-dames les z’artissss, sachez que vous dépendez des médias, et pas le contraire. Si aucun pseudo-journaliste à la noix de coco ne parle de votre 3eme album/enfant/tournée de concerts/implant mammaire, personne n’en saura quoi que ce soit, et vous aurez le beau rôle de vous balader en pleine rue en hurlant “Non mais vous savez qui je suis ??! J’ai accouché !!!”. Ainsi, se donner de l’importance en faisant faisander toute votre basse-cour de journalistes en leur donnant quelques miettes à picosser, c’est ignoble.
Je ne suis pas journaliste, je suis photographe. Mon boulot est encore plus limité que celui des journalistes, mais ô combien plus complexe: je dois rendre en une image ce que le journaliste rendra en 400-500-XXX mots. Je dois être les yeux des absents. Ainsi, me faire (m’im)patienter 1h15 avant que ces messieux-dames les z’artissss daignent bien pointer le bout de leur nez poudré (et je ne parle pas de maquillage), c’est vous garantir une mauvaise couverture de ma part.
Le jour où j’aurai assez de visibilité pour inverser la tendance des médias-dindons qui picossent dans la basse-cour des artistes-coqs, j’aurai au moins remporté une victoire personnelle. Fin de la parenthèse entre crochets.]
[Ellipse durant laquelle j’ai quitté l’inauguration et suis rentrée chez moi.]
– Envoyer ma voiture directement dans un trou trop gros et trop plein de glace en arrivant dans ma rue: 48 AP + yeux au ciel.
– Réussir à sortir du trou avec l’aide de 3 bons samaritains: -12 AP. (Un des samaritains avait une Mitsubishi Lancer, Beni, ça te dit pas, une petite Evo ?)
– Oublier que je devais acheter de la litière au gros chat (et par conséquent repartir pour aller en acheter alors que j’ai trop la dalle): 22 AP.
– Me faire un sandwich laitue-tomate-fromage-mayo et échapper la tranche de pain du côté mayo: 32 AP.
– Remplacer le rouleau de PQ pour la 4eme fois cette semaine: 11 AP.
– Finalement rédiger ce post en sirotant mon thé Earl Grey avec Moby dans les oreilles: -56 AP.
Le compte est bon, Laurent: aujourd’hui, Akelia a accumulé 174 Akelian Points. Ce score lui permet de remporter un mal de tête avec en bonus 130 pages à lire pour demain matin. Restez avec nous, demain, nous mettrons l’équilibre d’Akelia à l’épreuve alors qu’elle devra traverser la rue glacée et ouvrir la portière de sa voiture, chargée de son sac d’ordinateur + 20D et d’une tasse de café, après une nuit passée sous le signe de l’insomnie.
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