Une des particularités des campings en France, c’est que même si on sait d’avance que les douches ne sont pas payantes, on ne sait jamais à quoi s’attendre quand vient le temps de les utiliser. On aura tout vu lors de ce voyage:
– douches crades avec sol bétonné qui se désagrège
– douches toutes boisées avec odeur de sauna
– douches neuves à la fine pointe de la pomme et du jet
– douches toutes garnies (sans savon, mais avec grosses araignées)
– douches limite extérieures où on se pèle le cul dès qu’on est trempés et que l’eau ne coule pas
– jet pressurisé genre “lave-moi-comme-une-voiture” (et n’oublie pas la cire)
– jet anémique (mais l’eau ne manquait pas de fer !)
– jet “brume fraîche du matin lors d’une ondée d’été en Amazonie sur le versant sud d’une montagne”
– jet “vache qui pisse”
– jet unique parce que les autres trous de la pomme sont bouchés par la rouille
– compartiments vastes pouvant accueillir maman qui lave le petit
– compartiments minuscules où on a aucune chance de ne pas mouiller ses chaussures même si elles sont posées sur la seule tablette disponible
– compartiments dont la porte ne se verrouille pas
– drains tellement énormes qu’on dirait une bouche d’égoût
– drains bouchés par les cheveux des gens avant -du meilleur effet si ledit drain est dans chaque compartiment
– drains inefficaces dû au manque d’inclinaison dans le plancher (alors là, faut chercher le gros “squeegee” pour pousser l’eau vers le drain si on veut s’éviter la glissade mortelle)
– …
Voyez, les combinaisons sont très variées… Mais il y a un truc invariable: aucune de ces douches ne présente un robinet “normal” permettant une ouverture et une fermeture du jet quand bon nous semble, ainsi qu’un choix de la température de l’eau. Celle-ci étant pré-réglée, il ne reste plus qu’à souhaiter qu’on ne se fasse pas ébouillanter -car étonnamment, la température est toujours plus chaude que froide (pour moi, en tout cas). Et comme je le disais, le robinet des douches est toujours de type “presto”, genre “on vous prend pour des imbéciles incapables de couper l’eau quand vous avez fini alors on vous la coupe avant et vous aurez qu’à vous démerder avec le cycle de X minutes qu’on vous donne”. Du plus bel effet lorsqu’on se savonne les cheveux (les yeux fermés, donc) et qu’on cherche à tâtons le grmbl de bouton-poussoir pour réanimer la douche. La beauté de la chose, c’est que outre le geste préoccupant à répéter toutes les X minutes, quand on a fini, il faut attendre que la douche finisse de couler avant de commencer à se sécher. Quand le cycle dure 1 minute, on en a chié pendant la douche, mais on n’attend pas trop après; mais quand le cycle dure 3 minutes, ça commence à faire long, surtout quand on est dans le compartiment minuscule sur plancher bétonné avec araignées et jet pressurisé…
Ne cherchez pas la raison de ce laïus sur les douches de campings, celles qu’on avait à Fouras étaient de bonne qualité, avec un jet à pression raisonnable, et sans araignées (mais je suis tombée sur le compartiment impossible à verrouiller, ce qui expliquait sa disponibilité étonnante à cette heure matinale).
Une fois la douche prise, le petit-déj ingéré (je commence à saturer des pains briochés), tout le fourbi rangé dans la voiture, il est temps de partir, ce qui fut fait encore une fois relativement tôt ce matin, si bien que nous étions déjà en direction de La Rochelle autour de 10h00, avec en tête l’idée de laisser la voiture à la gare de La Rochelle, et de se rendre à l’Office de Tourisme avant sa fermeture midinale (?)… Objectif atteint. Joie et bonheur, on récupère un plan de la ville, et on effectue un petit circuit touristique dans le coeur de la ville. En bon touristes, on ne peut pas s’empêcher de trouver le tout très joli, de s’esbaudir devant la rapidité de la marée montante, et devant un banc de brouillard très localisé… en attendant la réouverture des 3 tours de La Rochelle, vestiges des fortifications érigées graduellement au cours de la tumultueuse histoire de la ville. Ces tours, on a eu le loisir de les observer un brin pendant la pause-bouffe, très bienvenue après le parcours touristique qui nous a bien creusé la dent.
Alors là, je me permets de faire une pub: y’a un endroit dans cette ville, pas très loin du port, dans une rue où il y a un boucher et au moins 2 libraires, où ils font les plus gigantesques kebab que j’ai vu, et pour moins de 4€ le kebab. Tellement qu’il y avait des trucs dedans qu’on n’a rien mangé d’autre jusqu’au dodo cette journée-là. De mémoire, c’est sur la rue Saint-Nicolas, mais je n’en suis plus certaine, alors disons que c’est quelque part entre l’église Saint-Sauveur et la rue du Rempart Saint-Claude. :p
Après avoir complété la visite des 3 tours, c’est l’heure de quitter la jolie Rochelle, et de rouler en direction de Nantes. Encore une fois, à partir de 18h30, il faut ouvrir l’oeil et repérer les affiches annoncant des campings à proximité, vu l’imminente heure de fermeture… Cette fois-ci, le camping qu’on trouvera sera à Perpette-les-Bains, sympathique petite commune de Vendée comportant un lac, un camping, 3 poules et deux pêcheurs. (Sur le coupon de caisse du camping, c’est écrit “Chantonnay”, mais je n’ai rien trouvé de chantant à cet endroit.) En fait, le plus gros de la population se trouvait dans le camping: sur 12 emplacements (quelle envergure !), 11 étaient occupés par des barbares du nord, parlant un sombre langage situé à mi-chemin entre l’anglais, l’allemand, le croate et le wolof. Nous avons donc dû nous débrouiller avec le langage des cygnes (je suis très gracieuse quand je parle avec mes mains) pour faire comprendre à un des indigènes que nous allions occuper l’emplacement qui servait de parking à sa voiture -forcément, son emplacement à lui était presque entièrement occupé par sa “caravane” en toile dépliable (complète, avec barbecue, table de pique-nique, mémé en tongs et chien bigleux).
(Les plus perspicaces ont peut-être deviné de quelle nationalité étaient les barbares si hauts mentionnés, pour les autres, je donne un indice: leurs caravanes étaient toutes affublées d’un autocollant qu’ils arboraient avec fierté, autocollant qui présentait 2 lettres: NL.)(Pour mes lecteurs néerlandais, euh… je doute que vous me compreniez de toute façon.)(Le néerlandais est probablement la seule langue utilisant l’alphabet latin à laquelle je ne comprendrai jamais rien, à part peut-être le portuguais.)(Et encore.)(Bref.)(Passons.)
Une fois l’emplacement de camping occupé par notre modeste Punto ainsi que ma superbe tente Go Sport, il est l’heure d’explorer les environs. Traversant les lignes ennemies, nous allons donc inspecter les douches. Horreur, enfer et damnation. Elles sont pires que les pires douches vues précédemment. Le filet d’eau osant s’échapper de la pomme de douche est complètement anéanti lorsque quelqu’un tire la chasse des chiottes (juste derrière) ou utilise le lavabo pour laver sa vaisselle… Note pour plus tard: prendre la douche en période bleue, histoire de ne pas frapper la marée basse. Et question marée basse, la boue au sol dans les douche permet aux plus habiles de déduire que les murs tronqués en bas n’offrent aucune résistance au sable amené par la gravité et la flotte lors des pluies. Malheureusement pour moi, c’est le jour où je devais faire une lessive. Heureusement, le lavabo à vaisselle est gigantesque, alors je balance tout là dedans, avec savon, m’esquinte la paume des mains sur le robinet (presto, encore une fois) pour remplir le lavabo d’une eau qui aurait certainement pu être plus chaude si le camping entier n’avait pas lavé sa vaisselle avant notre arrivée…
Une fois la lessive terminée (tordre les fringues m’aura coûté le poignet gauche, maintenant hors d’usage), une évidence se pose à nous: aucune corde à linge en vue, il n’y a que des clôtures électrifiées derrière le camping (vous savez, pour les 3 poules). Heureusement, il y a un arbre, et nous avons la corde ficelle non-utilisée pour fixer la tente. Vous verrez le résultat dans les photos…
Sommaire de la journée: 98 km parcourus, 1 repas et demi pour toute la journée, 1 lessive, 11 couples de barbares. Le reste, en images:
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