… dans ma tête.
Trop de choses, trop, tout, en même temps. Beaucoup de ces choses sont volontaires, mais la grande majorité d’entre elles arrivent tout de même dans un fracas ahurissant.
Dans 10 jours, je suis à Paris.
Dans 9 jours, je prends l’avion.
Dans 8 jours, je danse le swing.
Dans 7 jours, je vide mon appart.
Dans 6 jours, je passe mon dernier examen.
Dans 5 jours, je rends mon dernier travail.
Dans 4 jours, je reçois la dernière édition de l’Impact Campus dans laquelle j’aurai des photos.
Dans 3 jours, j’entreprends le sprint final d’un marathon qui me paraît déjà interminable.
Dans 2 jours, je voudrai que le nombre d’heures dans une journée passe de 24 à 40 -alors que j’en souhaite déjà 30.
Dans 1 jour, j’ai eu l’impression de vieillir de 2 ans.
Aujourd’hui, c’est la journée mi-figue, mi-raisin: des petites joies ont précédé de grands moments de rage. Du fou rire devant les singeries de PL qui m’ouvre la porte, tout en courbettes, à la rage de me faire traiter comme un déchet de la société parce que je fais mon travail de photographe lors d’une pièce de théâtre. De la satisfaction d’avoir fait du sport, à la frustration d’avoir renversé mon bol de soupe. De la joie de savoir 10 de mes photos éditées dans un recueil de textes, à la colère de m’être fait damer le pion -une fois de plus- par mon directeur photo.
Je croyais la journée terminée lorsque je me suis assise sur cette chaise: 23h47, c’est statistiquement 13 minutes avant le lendemain. Ca doit être le 13 qui a fait ça. C’aurait été 18 minutes, peut-être ne serais-je pas en train d’écrire ces lignes ?
Le temps de me connecter à ma planète virtuelle, je constate: “2 nouveaux messages”. Dont un de mon père. L’oeuf que j’ai fait cuire pour accompagner ma soupe faible en protéines poursuit son refroidissement méticuleux déjà bien entamé, et moi j’entame la lecture du email.
La fin d’un cycle…
.. et le début d’un autre. Ainsi pourrait-on annoncer la mort de toute personne puisque nous ne sommes que de passage ici-bas et que la vie, loin de s’arrêter au dernier battement du coeur, se poursuit sous les multiples états de l’être en perpétuel devenir. On ne fait en somme qu’abandonner un vêtement trop usé . Et celui de ton grand-père paternel l’était vraiment depuis de nombreuses années… Il est donc décédé au cours de la nuit du 6 avril à l’âge de 82 ans, 1 mois et 5 jours.
Il n’est peut-être pas commun d’expédier des faire-part par courriel mais j’ai pensé que tu aurais peut-être encore la possibilité [d’assister au service] avant ton départ pour la France. Étrange, comme l’Histoire se répète: quelques jours avant mon départ pour l’Europe le 1er avril 1989, ma grand-mère paternelle décédait à l’Hôtel-Dieu de Québec.
Voilà, maintenant je n’ai plus de grands-parents. Mon dernier grand-père est allé rejoindre le Petit Prince sur une autre planète -c’est ma vision, je la préfère aux promesses de bonheur éternel dictées par cette religion qui n’est pas la mienne.
Mon oeuf a complètement fini de refroidir, je n’ai plus faim, et surtout pas sommeil.
Trop de choses, trop, tout, en même temps.
Docteur, vous pouvez arrêter le monde de tourner dans ma tête, juste un instant, s’il vous plaît ?
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