Yet anoter incident with dumb people.

Cet après-midi, alors que j’étais bien affalée dans la chaise de mon chat (qui lui squattait le banc du clavecin que j’ai finalement accordé)(le clavecin, pas le banc ni le chat), on sonne à ma porte.
Puis on tambourine.
Limite, on tonitrue à ma porte, le temps que je lève mon corps et ce qui l’emballe pour ouvrir, histoire de découvrir quel facteur/huissier veut encore causer avec l’ancien locataire de la place.

J’ouvre la porte en soupirant un tantinet, et là, surprise, ni facteur, ni huissier.

Malheureusement. Car c’eût été préférable.

En chair (beaucoup de chair) et en os, devant moi, se tenait (appuyé au mur), rouge et haletant, un voisin immonde. Et quand je dis immonde, je pèse (comme lui) mes mots. La trentaine avancée, cheveux gras et hirsutes, lunettes “fond-de-bouteille”, air antipathique, porteur de marcel, haleine de bouc, jean à taille trop petite pour bedaine dépassant dudit marcel, le tout flanqué sur des chaussures de sport qui ont dû avoir leur ère de gloire sous Gorbatchev.

Une fois la surprise du regard passée, je m’aperçois que ce… cette chose vivante me parle. A moi. Votre humble serviteuse. Le temps que mon cerveau passe de l’anglais au français au québécois au joual, je pige ce qu’il raconte: il me demande si je suis bien la propriétaire de la voiture qui occupe l’emplacement là-là. Oui, c’est bien moi. Le truc vert ? Oui, c’est ma voiture, le truc vert. Pendant un instant, je panique intérieurement: le voisin a l’air un peu mal à l’aise, qu’est-ce qui est arrivé à ma voiture, ma maîtresse, ma liberté sur roues ???

Elle dégage une odeur d’essence. Voilà ce qu’elle a.

Bah forcément, merde, je roule pas à l’hydrogène !

Seulement, ma voiture, elle est pas jeune, et elle a besoin d’une petite réparation: quand je fais le plein, au-delà d’un certain niveau, il y a une petite fuite à partir du tuyau menant au réservoir. Le problème a été diagnostiqué, et la réparation est prévue pour la prochaine visite au garage, qui ne devrait pas tarder, puisqu’il est temps de faire un changement d’huile.

Or il se trouve que cet après-midi, prévoyante que je suis, j’ai fait le plein d’essence, sachant que le prix allait monter de façon assez drastique au cours des prochains jours, voire des prochaines heures. Je rentre tranquillement chez moi, je laisse la voiture à la place juste derrière ma place “réservée” (souvenez-vous du Code de la Route Akelien), et voilà, je vaque à mes occupations, jusqu’au tambourinage dans ma porte.

Monsieur Voisin Antipathique beugle qu’il faut que je déplace ma voiture (“ton char”)(ouais j’ai 92 HP dedans, bien cachés, mes chevaux et le char attelé, non ?), parce que les émanations sont dangeureuses, il a un gamin de 1 mois.

Première stupeur: putain, ça se reproduit, cette chose ?!

Après avoir identifié l’appart du voisin (immeuble contigü, appart du RC, je suis au 1er), je conviens qu’effectivement, avec un peu de malchance et beaucoup de vent (ce qui est apparemment le cas), quelques fumets sutbilement aromatisés à l’octane numéro 87 peuvent s’être malencontreusement déplacés vers les fenêtres de l’appartement. Soit, je déplace “mon char”, au bout de la rue.

Non content de me déranger en plein après-midi, l’abruti fier de l’accomplissement de son devoir de citoyen qui a vaillamment protégé sa famille contre un danger public mondial continue à m’enguirlander une fois que j’ai déplacé “mon char”: c’est dangeureux, ça peut mettre le feu, c’est nocif, ça sent l’gaz, pour le bébé, tsé, etc. Euh, et votre cigarette, c’est pas nocif, pour le bébé ? Ouain, justement, ma cigarette, si je jette le butch (mégot) dans la rue, ça fait exploser “ton char”. Et il existe pas des cendriers pour éteindre proprement un mégot, peut-être ? Pauvre con, va. Je baisse les bras d’exaspération, et en tournant les talons, il ajoute qu’il pourrait faire remorquer “mon char”, c’est dangeureux (connait pas de synonymes ?!), à mes frais le remorquage. Je me retourne et je demande d’appeler le CAA pour le remorquage si besoin, puisque je suis membre…

Apparemment, Neanderthal n’a pas apprécié que je pusse réplicationner à sa virile plaidoirie.

Je me réinstalle confortablement, histoire de ne pas dépenser trop d’énergie (87% d’humidité ça cale une Akelia dans son siège), et le temps passe, jusqu’à ce que Yoh jette un oeil dans la rue, par la porte du balcon.

Deuxième stupeur: un camion de pompiers et l’équipage au complet est autour de ma voiture.

Je sors au galop en attrapant mes clés au vol, et (me demandez pas pourquoi j’ai eu ce réflexe) je demande Hey ! What the hell are you doing with my car ?? Puis je suis freinée en plein lyrisme shakespearien: Cro Magnon se retourne avec un sourire qui en dit long sur sa capacité de jouissance intellectuelle. Il ajoute, à l’intention des pompiers qui ne savent pas encore s’ils doivent rigoler ou pas, que c’est “mon char”, qu’il m’a demandé de le “tasser” auparavant (ce que j’ai fait, en toute bonne foi), et que ça sent encore, et que c’est dangeureux, qu’il a un bébé de 1 mois, et les vapeurs, tout ça, etc. Il rajoute évidemment que je lui ai manqué de respect, que je l’ai envoyé chier (I swear on my honor I didn’t do that, I’d have chosen more sophisticated words for sure), que je lui ai manqué de respect, et que j’étais une grosse conne (sic).

Le dernier argument a fait loucher l’attention des pompiers en ma direction, et à voir leur tête, ça ne passait pas au tamis. Le capitaine des pompiers entreprend d’éloigner Voisin Antipathique, pendant que je reprends mon souffle et mes esprits.

Vous ai-je déjà dit que je ne supporte pas les engueulades ? Ca me met dans un état pas possible: respiration haletante, rythme cardiaque élevé, sueurs, perte de voix, étourdissements. Je ne _supporte pas_ qu’entre êtres humains on doive en arriver au stade du beuglement pour se faire comprendre, c’est contre ma nature, je suis incapable de crier. Quand je suis témoin d’une engueulade, j’ai automatiquement 2 réflexes: si je connais les gens, j’interviens en arbitre, si je ne les connais pas, je détourne mon attention, parce que ça m’affecte vraiment beaucoup. Alors si en plus le gueulage est dirigé vers moi, là, je perds complètement mes moyens, et je ne deviens qu’une chose tremblotante, au bord des larmes. Pathétique.

J’étais cependant bien décidée à ne pas laisser savourer trop de victoire à Homme Viril Puissance 10, donc j’ai fait un max pour me contrôler, ceci dit, mon état n’a pas échappé aux pompiers, qui ont été d’une très grande gentillesse.

Les pompiers et moi avons conclu qu’il valait mieux pour la santé mentale et physique de la société entière que je déplace ma voiture _ailleurs_, bref, que je la fasse disparaître de la vue de Cro Magnon. Soit. Mais où ? J’habite dans un quartier relativement résidentiel, et ce qui n’est pas zoné résidentiel est zoné commercial, d’où autre problème: no overnight parking. Et comme j’ai pas envie d’aller garer la voiture à Trifouillis les Oies (à quelques bornes de Petaouchnok), il me faut une solution d’alternateur— alternative.

Pendant les pourparlers avec monsieur Capitaine Pompier (pas moche de son état), les guirlandes fleuries de Voisin Antipathique continuent à abreuver mes oreilles. Un peu embêté, le pompier me dit d’attendre, et part vers Cro Magnon pour essayer de le calmer. Gloire à Dieu, il a réussi, non sans se prendre une bonne pelletée de bêtises par la tronche lui aussi. Retour à mon cas: je _dois_ déplacer ma voiture, parce que si je ne le fais pas et que c’est la police qui s’amène (police que Homme Viril menaçait d’appeler illico), hop, remorquage instantané, fourrière des véhicules, tout ça. Joie et bonheur.

Au fil des pourparlers, je constate que tous les pompiers sont morts de rire, et que monsieur Capitaine tente de conserver le sérieux qu’oblige son uniforme. Ca se termine sur quelques sourires, et je déplace la voiture, sous le regard victorieux de Voisin Antipathique. Il ne m’a pas vue rentrer après.

La fuite sera bien évidemment réparée, c’était au programme.

Là où je m’inquiète: Voisin Antipathique est bien capable de se ramener pour me redemander de pousser ma voiture une fois la réparation effectuée… Je me demande si je ne suis pas un tantinet parano, mais j’ai pas l’impression que ce mec va me laisser tranquille aussi facilement. Les pompiers me rassurent: si j’ai un problème avec lui, ça peut facilement être du harcèlement, et y’a la police pour régler ça. Encore une fois, j’ai un problème avec le concept: dans ma grande naïveté d’utopiste chevronnée, je m’imagine _parfois_ qu’il est possible de se parler entre adultes…

La morale de cette histoire:

Never argue with idiots. First, they drag you down to their level. Then, they beat you with experience.

Pourquoi les fleurs dans mon titre ?

Parce que c’est mon oasis de douceur de l’instant, dans ce monde de brutes.

flowersinthewindow