Que voulez-vous, à force de râler ou de critiquer, c’est une habitude qui se perd… Alors je vais tenter de râler et de critiquer, mais en exagérant (comme d’hab) et en étant marrante.
Une des corvées inévitables pour l’être humain nord-américain industrialisé consommateur ès produits est d’aller faire les courses au supermarché. Joie, allégresse, courage, ténacité et deniers sont nécessaires pour la réalisation de cette corvée.
Moi et mon Bison Futé *, on va chez Maxi, un proche parent de la famille Loblaws, Maxi et cie, Provigo. La raison de ce choix est fort simple: on y trouve des produits moins chers que chez IGA (Groupe Sobeys) ou Metro -qui plus est, on boycott Metro parce qu’ils ont des politiques un peu zarbi.
Cependant, Maxi a une particularité bien particulière propre à lui-même: pour réussir à faire des bas prix sur les produits, il faut bien couper quelque part. Non, ce n’est pas sur les heures d’ouverture, la plupart des supermarchés Maxi sont ouverts de 8h à 22h du lundi au dimanche. (Oui, c’est comme ça au Québec, et je vous épargne les Stop & Shop ouverts 24h/24h aux States…)
Mais alors où coupent-ils ? Je vous le donne en cent, en mille, en tout ce que vous voulez: sur le personnel. En semaine, après 17h, et durant tout le weekend, ne cherchez pas un petit commis qui puisse aller vous quérir gentiment le litre de lait que vous voulez et dont le rayon est vide… Qui plus est, cette coupure de personnel est très simple: peu importe la taille du supermarché, il n’y a pas plus que 4 membres du personnel aux heures mentionnées précédemment. Résultat: ce sont 4 caissières, qui ne fournissent pas à la demande, ce qui crée des files d’attente gigantesques.
Avant de passer aux comportements qui me gavent, je vous donne quelques problèmes générés par les files d’attente, et la solution associée au problème -solution testée par moi.
1. Vous avez 15 minutes devant vous avant l’arrivée des copains pour le BBQ, vous n’avez aucune viande, et vous évaluez le temps d’attente la moins volumineuse file à 20 minutes -qui plus est, vous n’avez pas trouvé ce steak dont vous rêvez dans l’étalage, et aucun commis ne peut vous en apporter.
=> D’abord, si vous le pouvez, faites les courses à 2: une personne fait la file, pendant que l’autre court dans le supermarché pour ramasser les précieuses denrées et les apporter à la caisse. Avec un peu de chance, si vous avez bien géré votre temps et vos déplacements, vous arriverez à la caisse pile au moment où c’est le temps de se faire scanner -euh, la bouffe, m’enfin.
2. Vous êtes seul, donc vous ne pouvez pas vous permettre de laisser votre panier dans la file tout seul, puisqu’il n’avancera pas par télépathie.
=> Trouvez une file qui se termine par un spécimen non-négligeable du sexe opposé. Postez-vous à l’arrière, attendez qu’un autre quidam s’ajoute, puis feignez d’avoir “oublié” quelque chose, et demandez gentiment au spécimen sus-mentionné de conserver votre place dans la file pendant que vous aller diligemment chercher le produit “oublié”.
3. Malgré tous vos efforts de gestion de temps et de course, vos surgelés menacent de ne plus l’être rapidement, et la file fond au rythme d’un glacier alpin, ce qui vous mène à conclure que la quantité de surgelés dans votre panier est directement proportionnelle au temps que vous aurez à attendre avant de passer.
=> Si vous êtes du style “gambler”, vous pouvez adopter une tactique plus agressive, celle de changer de file à 3 ou 4 reprises, en espérant gagner du temps. Attention lors du gambling, il faut quand même user d’un peu de stratégie: observez l’âge des gens devant vous, la quantité de produits à scanner, et le mode de paiement -si possible. Ca vous évitera bien des gros mots quand vous apprendrez à éviter la catégorie “mémé qui fait les courses une fois par mois et qui a encore du mal à capter le fonctionnement de l’argent en plastique”.
4. C’est sans espoir, aucune des files n’avance plus rapidement que l’autre, et votre patience s’amenuise au point où vous envisagez sérieusement l’option de décamper en laissant votre panier sur place.
=> Il existe toujours un dernier recours, mais il faut bien cibler la victime qui vous sera utile. Attention, il faut remplir certaines conditions.
D’abord, avoir peu d’articles est un atout certain. Ensuite, il y a plus de chances que ça marche si vous êtes une fille qui s’adresse à un mec, que l’inverse.
Le dernier recours consiste à vous approcher du mec qui s’apprête à déposer ses produits sur le tapis roulant de la caisse, à lui montrer que vous avez moins d’articles que lui, et à l’implorer de vous laisser passer avant lui.
Plusieurs raisons peuvent être invoquées: un gamin dans la voiture, un gamin à aller chercher à la garderie, un gamin qui s’impatiente de bouffer à la maison, un gamin qui… bref, voyez le concept.
Taux de réussite estimé autour de 59%. Evitez de tomber sur un mec qui fait les courses avec sa douce moitié, sinon le taux de réussite chute à 9% -s’ils ont un gamin, il y a encore des chances.
5. Habituellement, des 4 caisses ouvertes, il y a celle dite “rapide”, pour 10-9-8 articles ou moins. Ne vous méprenez pas, cette caisse est généralement la plus lente, parce que la pauvre caissière responsable de cette caisse doit aussi répondre au téléphone et effectuer le service à la clientèle de l’autre côté: vente de clopes, retour de bouteilles consignées, etc.
=> Dans le cas du gambler, si vous vous retrouvez à cette caisse et que vous avez plus d’articles dans le panier que le nombre indiqué, il est utile d’être 2 à faire les courses, vous pourrez ainsi vous séparer les articles en deux paniers -qui paie quoi, vous vous arrangerez après, le but premier étant de sortir le plus rapidement possible du supermarché.
Corollaire: il y a bien souvent des gens qui essaient de berner les caissières en passant avec un panier débordant de victuailles. Si la caissière est autoritaire, elle renverra dare-dare le malin qui essaie de lui faire croire que 8 litres de jus ne sont qu’un produit et pas 8 articles. Si elle n’y parvient pas, c’est à vous d’intervenir.
Situation vécue: j’étais dans la file dite “express”, 8 articles et moins -l’appellation et le maximum d’articles varie selon les supermarchés. Devant moi, un spécimen ô combien impossible à rater à cause de sa taille et de son pantalon moulant rose s’affaire à faire la file innocemment et subtilement (on aurait cru un pachyderme échappé d’une hallucination d’ivrogne), avec dans son panier de quoi nourrir une armée de pygmées. D’un ton modéré, je glisse à mon ancien coloc: “Hum hum… y’en a qui ne savent pas lire !” Le pantalon rose, outré, se retourne et réplique: “Je sais très bien lire, tu sauras !” Et moi, du tac au tac: “Ah oui ? Ben alors vous ne savez pas compter !” Eclat de rire de mon ancien coloc, ce qui a attiré l’attention de la caissière, qui a vite fait de virer l’élégante chose rose de la file. 1 à zéro pour Akelia et son coloc.
6. Vous êtes dans une file X, et un bipède tente de se faufiler devant vous.
=> Par pitié, gardez votre sang-froid, et évitez de vouloir refroidir celui du pignouf qui essaie de vous prendre votre place, ça ferait tache dans votre dossier judiciaire encore vierge.
Commencez d’abord par signaler que la file se poursuit derrière vous. Si le bipède ne réagit pas, vous pouvez essayer de vous faire comprendre dans une autre langue… le langage des signes compte. Vous avez donc le droit de lui faire signe avec votre pied que son postérieur est au mauvais endroit, ou avec votre poing que sa gueule ne vous convient pas dans votre champ de vision. Voilà, vous avez conservé votre sang-froid, et épargné une vie.
7. Avec toute la patience dont deux humains sont capables, vous avez réussi à parvenir à l’étape ultime du tapis roulant de la caisse. Alors que vous vous apprêtez à déposer vos articles, une personne du sexe opposé vous implore de la laisser passer devant vous parce qu’elle a moins d’articles que vous et un gamin qui l’attend dans le mixer.
=> Refusez avec un grand sourire, et précisez que vous aussi vous avez lu le Guide de survie en supermarché d’Akelia, et que cette excuse n’est pas approuvée par Akelia.
Voilà, voilà. Plus de détails et d’autres nouvelles au prochain bulletin -qui est prévu pour quelque part dans quelques jours, le temps que j’effectue un aller-retour à Montréal-
métropole-de-l’Amérique-du-Nord-francophone-mais-où-l’on-y-parle-plus-anglais-que-français.
* Bison Futé est l’outil indispensable à tout aoûtien qui veut planifier ses déplacements en voiture sur les autoroutes de l’hexagone français. L’outil indique en temps quasi-réel le trafic sur les axes routiers majeurs, donne les zones de travaux sur les routes, et plein d’autres détails utiles à éviter une prise de tête majeure une fois coincé dans un bouchon de circulation. Ici, l’expression est utilisée en métaphore pour parler de celui qui prévoit mieux la circulation que moi et qui utilise toujours le meilleur chemin alternatif pour sauver du temps, quitte à rentrer chez lui et à annuler sa sortie. :p
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