Ce soir, je suis allée voir un concert de l’OSQ. Voir, entendre…

Bon d’abord pour ceux qui me lisent et qui ne sont pas de Québec, sachez que l’orchestre dont il est question est quand même d’un bon calibre, mais qu’il a beaucoup à envier à la majorité des orchestres symphoniques existants sur cette planète. L’ennui, c’est que côté culture, au Québec, on n’est pas très gâtés. Culture de cannabis, ça, ça va. Mais culture comme dans “autre chose que de la bière et des voitures”, non, rien, ou enfin, presque rien. Donc, c’est très mal barré pour avoir des bons musiciens. Pas que le potentiel n’y est pas, nan. (Quand même, ce serait me nier =p) Mais il n’est pas développé. Faire de la musique classique, c’est pas accessible, ici. Du coup, très peu de gens en font, et dans cette minorité, très peu arrivent à gravir les échelons jusqu’à nos oreilles. Donc, quand on va à un concert de l’OSQ, il ne faut pas s’attendre à une performance à couper le souffle. C’est bon, sans plus. Oui, je suis difficile. J’ai un papa très critique pour les oeuvres et les interprètes, donc j’ai appris très vite à faire mon oreille, et à connaître les meilleurs. Bref, l’OSQ, c’est chouette, mais c’est pour les baby-boomers en manque de culture, qui veulent se donner bonne conscience et crâner dans leurs petits repas en disant “moâ ma chère je souis allée à un concert de l’AUHESSEKHU, c’était de toute beauté, ma-gni-fique” et autres énormités. Fin de la mise en situation. (Autre parenthèse, l’an dernier ils ont interprété le Requiem K626 de WA Mozart et j’ai pleuré… de déception. C’était vraiment trop mauvais. Wala, je voulais le dire. Je ferai un post ultérieurement sur ce Requiem, promis.)

Donc au programme ce soir, pour ceux qui ont eu la flemme de visiter le lien sus-présenté, il y avait l’Ouverture tragique op. 81 et le Concerto pour violon, violoncelle et orchestre en la mineur op.102 de Brahms, ainsi que la Symphonie n°9 “Du Nouveau Monde” de Dvorák. (Prononcez “Dvorjak” par pitié.)

Attention, Akelia joue les critiques:
Ouverture tragique: Beurk. Le mot qui définit cette interprétation: “trop”. Trop lent, trop pâle, trop mort. Tempo trop lent. “Tragique”, soit, mais pas “endormant” ni “funéraire”… 1 ou 2 temps de plus auraient suffi pour faire la différence. Les cordes étaient trop effacées, et les vents étaient trop présents ou trop absents. Souvent, on oublie de jouer “équilibré” quand on fait face à une pièce qui a un haut niveau technique. Je le sais, je faisais pareil. Et je le ferais encore si je jouais encore. Mais à mon avis, des interprètes d’un orchestre symphonique auraient intérêt à ne pas se laisser aveugler par cette technicité. Donc, l’interprétation donnait l’impression de musiciens essouflés, dès le début du concert… mauvais, ça. Surtout quand on connait le reste du programme à venir… (Pour les intéressés, j’ai mis le mp3 de cette Ouverture tragique disponible ICI, c’est la version enregistrée sous étiquette Analekta, par le St. Petersburg Festival Orchestra, sous la direction de Leonid Malyshev. Pas trouvé la date d’enregistrement. C’est la seule version dont je dispose, ce n’est pas la seule que j’ai entendue, mais je l’aime bien, et en tous les cas, je la préfère de loin à celle de l’OSQ.)

Ensuite, le Concerto pour violon, violoncelle et orchestre: Mieux. Les deux solistes ont remonté la cote. Le violoncelliste jouait d’une manière sensible, il respirait le confort. Le violoniste un peu moins, il semblait plutôt mal à l’aise dans son costume queue-de-pie. La chimie était excellente entre les deux solistes, ce qui a permis une merveilleuse fusion des deux parties solistes avec la partie orchestrale. Impressionnants au niveau technique, leurs montées chromatiques étaient en synchronisme parfait, le ton et la couleur de leur jeu était irréprochable. Seule “ombre”, sans en être une: ils jouaient avec leurs partitions. Bon, je ne suis pas une adepte du “par coeur”, mais j’ai toujours l’impression que je donne une image confiante quand je joue sans mes partitions. Et franchement, pour des solistes avec un CV aussi imposant, il me semble que j’aurais opté pour une interprétation sans lutrin… Mais bon, c’est mon goût personnel, je ne m’attends pas à ce que tout le monde m’approuve, et je comprends très bien le choix de certains musiciens de conserver leurs partitions.

Puis, la Symphonie du Nouveau Monde: Miam. Dès les premières notes, on sentait les cordes en confiance. La clarinette, présente, mais pas trop, et l’accord des cuivres, assez pesant pour fixer solidement les mesures à venir. Il est évident que les musiciens ont “préféré” pratiquer Dvorák plutôt que Brahms. Un peu compréhensible, d’ailleurs. L’orchestration slave est toujours très attirante… Cette façon qu’a Dvorák de dépeindre les paysages me fait frissonner jusqu’au bout des ongles. Pas grand chose à déclarer à propos de cette interprétation, sinon que les flûtes me les cassaient royalement. Mais ça, c’est généralisé. Je hais les flûtes. J’ai entendu que très peu de flutistes qui arrivaient à souffler dans cet instrument sans me faire frémir d’horreur. S’il existe un instrument à vent capricieux, c’est bien la flûte traversière. Le moindre changement de position des lèvres fait varier la hauteur du son, ce qui en fait un instrument atrocement difficile à accorder. Je parle encore une fois par expérience. Le seul flutiste que je peux blairer, c’est Jean-Pierre Rampal. Jetez-vous sans honte sur tout ce qu’il a enregistré, c’est de la haute classe. Fin de la parenthèse sur les flûtes. Donc, pas grand chose à dire sur l’interprétation de l’OSQ de ce soir, la technique était bien maîtrisée, et la saveur “Dvorák” était assez bien rendue, ce qui est très difficile… Parce que dès qu’on possède la technique, il faut y mettre du coeur, et c’est ce que bien des grands mucisiens oublient parfois. Ah aussi à la fin, les musiciens étaient visiblement morts de fatigue, les derniers accords de l’allegro ont un peu sonné “camion” puisque les cuivres ont “blasté” pour respecter le fff de leur partition. Signe de fatigue intense…

… Donc, voilà pour ma soirée. Mes oreilles ont somme toute bien aimé, ne retenez pas que je suis sortie de la salle en ronchonnant… 🙂