Tout à l’heure dans le bus, y’avait une dame qui parlait fort et tout le temps. Elle parlait à tout le monde, et ce qu’elle disait, c’était de pures réflexions personnelles, à propos de tout et de rien, qui “normalement” n’auraient pas du dépasser le stade de la pensée.
Après avoir observé le phénomène, j’ai observé la réaction des gens à qui elle parlait. Certains feignaientl’indifférence mais c’était apparent que la dame les dérangeait. D’autres se prêtaient de bonne grâce –avecdésintérêt et en soupirant— au manège de la pauvre dame. D’autres encore étaient franchement exaspérés etchangeaient de place. Puis d’autres rigolaient de bon coeur, prenant tout ça avec un grain de sel, il fait beau dehors, les oiseaux, l’automne, j’ai fini ma journée de boulot/à la fac, je rentre chez moi. Vous dire la catégoriedans laquelle je me situais est inutile.
Donc, vous avez un portrait de la situation. Là ou ça devient intéressant, c’est à propos de toute l’étude psychologique et sociologique que ce petit intermède peut permettre. D’abord, le centre d’attraction: sans m’étendre sur le sujet, il est évident que cette dame souffre. De quoi, je n’avance rien. Mais son besoin decommuniquer est si grand qu’il ne peut être le résultat d’une condition de vie normale. Wala pour la dame.
Ceux qui m’intéressent le plus sont les gens autour, en particulier ceux qui réagissent en soupirant, exaspérés.Oui, bon, d’accord pour dire que la dame, elle “dérange“, au premier abord, puisque certaines personnes sont dans le bus et lisent ou écoutent de la musique, ou essaient de réfléchir à ce qu’ils diront aux enfants en rentrant à la maison à propos du chien qui est malade. Mais après tout, un bus n’est-il pas un endroit public où“normalement” chacun a droit à sa liberté d’expression ?
Bref, toujours est-il que la dame dérange. J’ai beau chercher, je ne vois pas pourquoi elle dérange. Je veux dire, si on garde l’optique de la tolérance, de la vie en communauté, de la liberté d’autrui, du respect, et de toutes ces belles valeurs que l’on tente de nous inculquer –sans grand succès— depuis notre tout jeune âge, je ne vois pas, non. Mais si je prends le côté individualiste, égoïste et nombriliste, là, je vois. La dame, elle percutel’espace vital, et ça incommode…
…Welcome in North-America, the place where you cannot be different…
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