Dimanche dernier, j’ai fait mon 15e don de sang. J’étais au centre Globule, au Dix30 (Brossard). J’ai eu l’impression que le dimanche après-midi du personnel de l’endroit était un brin calme car le nombre de dons que j’atteignais ce jour-là a provoqué une réaction plus qu’admirative. Sans refuser les compliments, l’auréole qu’on voulait bien déposer sur ma tête me gênait un tantinet… car pour moi, donner du sang, c’est “banal”. Je le fais quand je le peux. Pourquoi? C’est un des rares gestes que je pose qui soit purement et simplement altruiste… mais j’ai toutes les bonnes raisons du monde de le faire, et aucune de ne pas le faire.

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Quand on fait un don de sang, on ne sait jamais si c’est utile, on ne sait jamais à qui ça va, et on ne sait jamais si “on sauve une vie”. Je mets des guillemets parce que c’est le slogan d’Héma-Québec. En ce qui me concerne, ce slogan m’indispose un brin, parce qu’il est porteur d’une promesse doucement utopiste. Sans nier l’importance du sang dans le corps humain, j’apporterais toutefois quelques nuances quant à l’image de “sauver des vies”. On sauve une vie en réanimant quelqu’un, en conduisant adéquatement, en écoutant quelqu’un en détresse, en faisant les bons choix de traitement en milieu hospitalier, en extirpant une personne d’une maison en flammes… mais quand on donne du sang, c’est un peu comme le don d’organes: il n’y a aucun lien qui s’établit entre le donneur et le receveur. Aucune manière de savoir si on a VRAIMENT sauvé une vie. Ou plusieurs.

Pourquoi MOI je donne du sang? Non, personne de ma famille ou de mes amis proches n’a eu besoin d’une transfusion (pas que je sache, du moins). Non, mes études en soins infirmiers ne m’ont pas conscientisée sur l’importance de poser ce geste (ces études datent de 2008-2010, j’ai fait mon premier don en 1999). Non, je ne subis aucune pression de la part de qui que ce soit à poser ce geste. Alors pourquoi diantre me porte-je volontaire tous les 56 jours pour faire transformer mon artère brachiale gauche en passoire?

Comme je disais, j’ai plusieurs bonnes raisons de le faire, et aucune de ne pas le faire. D’abord, je suis en santé. À première vue, j’ai les dents croches, je porte des lunettes, j’ai besoin d’orthèses et je me trimballe un surplus de poids… mais ce sont des défauts structurels, pas systémiques! Je n’ai aucune maladie. Je suis très rarement affectée par les virus et bactéries qui sévissent dans le corps humain, et outre des allergies saisonnières plutôt communes, rien ne m’incommode.  Je mange bien, je fais du sport, ma pression artérielle est exemplaire, mon coeur fonctionne nickel, mes poumons n’ont jamais été fumeurs, mon pancréas et mon foie s’occupent très bien du peu de glucose que je leur envoie, je bois de l’alcool mais pas trop… bref. Ensuite, je suis admissible en tant que donneur de sang. Ça peut paraitre étrange comme argument, mais autour de moi, beaucoup de gens ne peuvent pas donner de sang: nés dans un pays autre que le Canada, vivant avec une maladie chronique (le diabète, par exemple), ayant séjourné dans une partie douteuse du globe, recevant des traitements d’acupuncture ou des tatouages louches, consommant drogues ou médicaments, ayant une vie sexuelle “atypique”… La liste des exclusions est très longue. Si longue que parfois même les infirmiers et infirmières qui effectuent le questionnaire pré-don sont confondus par les réponses!

Quoi qu’il en soit, je passe à travers tous les filtres. Et bonus: mon groupe sanguin étant O+, il est compatible avec 85% de la population canadienne. Il demeure toutefois relativement rare qu’un receveur se fasse transfuser du sang d’un groupe différent du sien, mais certains groupes sont évidemment plus rares que d’autres. Et pour finir, je n’ai ni peur des aiguilles, ni du sang. Donc, pour toutes ces raisons, je donne du sang.

Je n’essaie pas de convaincre qui que ce soit de le faire… mais… si par hasard ça vous intéresse… voici:
La liste des critères d’admissibilité/exclusion
Les adresses des centres de dons ouverts en tout temps

Je termine avec ceci: nous sommes à l’approche des Fêtes, un moment où les déplacements sur la route sont plus nombreux, par conséquent les accidents aussi, ce qui implique un plus grand nombre de victimes potentielles, donc de besoins de transfusions… faites le lien. Mais retenez que donner du sang, peu importe le moment, c’est une bonne chose. Ça ne coûte qu’une heure de notre temps. Et on a droit à un biscuit à la mélasse en sortant. 😉