Chute libre.

Je voudrais refaire l’expérience que j’ai vécue à 12 ans, dans une mine: le noir total, le vrai.

Je voudrais trouver un endroit assez loin de tout, où je pourrais m’asseoir, et goûter… à rien, au vide. A la différence que ce vide ne serait pas néfaste.

L’obscurité si profonde que les yeux ne s’y habituent jamais.
Le silence le plus parfait, que même les oreilles les plus aiguisées ne pourraient percer.

Paradoxal pour une _photographe musicienne_ de rechercher des expériences pareilles.

Mais là, aucun lien avec la photo ou la musique: je cherche encore de quoi m’engourdir.

J’ai ce sale talent pour empirer les situations qui ne sont déjà pas à mon avantage… et je fais comme Wile E. Coyote qui voit un train foncer droit sur lui à travers une fenêtre: je ferme le rideau. Takes care of my problem.
Après, quand j’ai mal, je me trouve invariablement stupide d’avoir fait ce que j’ai fait, je regrette, je m’en veux, je m’autoflagelle, d’autres synonymes ?

Le mal de tête n’est jamais bien lent à se pointer, suivi de tremblements. Pour un peu que je sois fatiguée, ça y est, j’exagère tout, et je m’embourbe encore plus.

J’ai ce foutu besoin qu’on s’occupe de moi, qu’on fasse attention à moi, mais sans sollicitude ni pitié, j’ai besoin que me berce comme un enfant, qu’on sèche ces larmes qui coulent à peine… besoin qu’on m’accueille et qu’on m’accepte, pas qu’on me repousse.

Encore une fois je veux transposer mon malaise en douleur physique. Si j’avais à me faire soigner pour une blessure physique, j’irais dans un hôpital, on me ferait un bandage, un plâtre, je guérirais. Je sais qu’il y a aussi des médecins pour le cerveau. Mais je n’aime pas ceux de l’université.

Il a suffi que je ferme MSN ce soir pour que mon mal de tête disparaisse. Pyjama, thé, au lit. Les tremblements ne sont pas calmés, sûrement à cause de l’effort physique de la journée, ma main droite est plus tremblante que ma main gauche.

Je dois à tout prix trouver un moyen de ne plus penser à lui.
Mon calendrier -la seule chose que j’aie osé poser sur le mur- avec cette photo de catamaran me fait penser à lui.
J’aimais la voile avant de te connaître, bonhomme, je n’ai pas inventé ça pour me rendre plus intéressante ! (Et de toute façon, le résultat aurait été le même.)

Enlever mon calendrier ? La photo est si jolie…
Enlever son foutu carnet de tranches de vie de mes liens ? C’est ma façon d’avoir de ses nouvelles sans lui demander -sans l’embêter, donc…

Je voudrais presque qu’il découvre cette section et pirate le script pour y accéder…

J’ai “un peu” changé ma vision de ce journal depuis que j’en retranscris des bouts (pour ne pas dire la totalité). Je ne me censure pas, mais c’est un peu différent, je ne sais pas trop en quoi.

Il m’énerve, il est trop futé, trop intelligent, trop parfait dans ses défauts, je voudrais le détester bêtement mais j’en suis incapable.

J’ose même y aller d’une théorie à la noix: et si tu avais fermé la porte rapidement, de peur de constater que c’est inévitable, avec notre vécu et nos idées, on doit être ensemble ? Ne veux pas te rendre à l’évidence ?

C’est permis de rêver.

Laissez-moi délirer, en paix. Seule, je ne fais de mal à personne sauf à moi-même.