Oui, hier, je suis allée user mes sandales, mes pieds, mes ampoules, mes genoux et mes cordes vocales à la marche pour CHOI. Compte-rendu, commentaires personnels, tout ça pour se souvenir, et aussi pour ceux qui n’ont pas pu y être…
![]() Une fois sur place, je devais retrouver des gens. Autant dire que si personne n’avait eu de téléphone sous la main, on aurait cherché quelques aiguilles dans une botte de foin vivante. Le départ a été donné à 16h00 tapantes, et le soleil tapait bien fort lui aussi. Comme il fallait survoler l’endroit pour avoir une vue d’ensemble, j’ai fait du mieux que j’ai pu avec les moyens du bord. ![]() ![]() ![]() ![]() Un côté du boulevard Laurier réservé aux manifestants, l’autre côté complètement bloqué pour permettre le passage de la foule… La police a fait un travail impeccable, sur toute la ligne. Dommage que les photos ne rendent pas le son, parce qu’il fallait vraiment entendre les voitures klaxonner… étrangement, il ne s’agissait pas de cas sévère de rage au volant… (non, ceux qui étaient mécontents l’étaient en silence, il n’y avait aucun moyen de se faire entendre avec tout ce vacarme.) Un peu plus loin, toujours sur le boulevard Laurier, un peu avant la rue Maguire. Observez bien: il n’y a pas que des jeunes drogués à cette manifestation… (C’est bien connu, l’auditeur moyen de CHOI est drogué, décérébré, et complètement inapte à juger par lui-même ce qui est bon ou pas pour lui.) Etrangement, des personnes plutôt âgées, des petites familles, les enfants en poussette… Toutes les tranches d’âge étaient présentes. ![]() ![]()
![]() ![]()
Pendant tout le trajet, il n’a pas cessé de serrer des mains et de remercier les participants. Qui a dit que Jeff était un râleur aigri et insupportable ? (Oui, j’ai délibérément coupé ma tête sur la photo. Mais j’ai parlé à Jeff Fillion, qu’on se le dise.)(Et il a bu dans ma bouteille d’eau.)(Vous êtes tous jaloux, je vous vois.) Passage sous la porte Saint-Louis, puis dans le Vieux-Québec, rue Saint-Louis, un peu avant le château Frontenac. Même sans marcher, certains manifestent… ![]() ![]() ![]() ![]() Voici quelques images de la foule une fois dans l’Agora, avant, pendant et après l’intervention de quelques personnalités de la station. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]()
|
Bon là c’est la partie où je fais mes commentaires personnels, alors vous pouvez passer à autre chose si ça ne vous intéresse pas. (Et je peux vous comprendre.)
J’ai participé à cette manif pour plein de raisons. D’abord, j’avais rien d’autre à faire. Non, attendez avant de me jeter des cailloux, je m’explique: être quelqu’un qui n’avait rien d’autre à faire, pas d’emploi, pas de rendez-vous chez le dentiste, ben je serais allée prendre une marche de santé. Alors c’est ce que j’ai fait.
Ensuite, j’y suis allée parce que je crois profondément que CHOI et la liberté d’expression valent bien un 2 heures de marche dans la foule au soleil. Et même plus que ça… J’ai pris le temps d’écrire le texte précédent, pris le temps de rédiger un compte-rendu, pris le temps de faire quelques photos… Je ne serais pas allée marcher si ce n’avait été que de mon désir de faire des photos d’une manif. Je l’ai déjà fait, en avril 2001, pour le Sommet des Amériques, et je préfère regarder les photos pour me souvenir. La marche d’hier, je la revivrais n’importe quand.
D’abord, selon les chiffres, le nombre des manifestants présents à la marche pour CHOI dépasse de 5000 le nombre des manifestants du Sommet des Amériques: 50 000 marcheurs ont défilé sur près de 8 kilomètres. (L’agoraphobe que je suis a été servie hier…) Ensuite, et ça, c’est à mon avis le plus important: AUCUN incident, même mineur, n’a été noté par les autorités policières présentes sur tout le trajet de la manif, ni même après, à l’Agora. Ca change des manifestants qui cassent tout et des répliques au gaz lacrymo, non ?
Malgré tout ça, il y a des gens qui se permettent des commentaires mesquins sur les préoccupations et les priorités des manifestants. Dites, ça vous dérangerait de ne pas en faire une vendetta personnelle ? En écoutant les gens autour de moi, je me rends compte que c’est tout noir, ou tout blanc: aucune zone de gris. Si on n’est pas POUR CHOI, on est CONTRE. Et si on est POUR CHOI, on est con, selon ceux qui sont contre. Là, vous m’excuserez, mais j’ai une petite pointe de hargne: vous croyez que c’est ça, l’ouverture d’esprit ? Moi, non.
J’accepte qu’il y ait des gens contre CHOI, certains sont même mes amis, et la seule chose que j’espère, c’est qu’ils respectent ma façon de penser, parce que moi, je respecte la leur. Mais au nom du ciel (et là, je m’adresse à tout le monde, pour ou contre), arrêtez ce foutu dialogue de sourds !! La moitié des gens concernés par le débat essaie de rallier l’autre moitié à son opinion. Je vous apprends quelque chose si je vous dis que ce n’est pas la bonne chose à faire ? On se bat depuis une semaine pour la liberté d’expression, ce qui implique des débats d’idées. Mais ce n’est pas un débat, si on tape sur l’autre plutôt que d’argumenter intelligemment…
Une autre chose qui m’a fait me redresser sur ma chaise quand je l’ai lu: quelqu’un signale que 50 000 manifestants pour CHOI, versus 3000 contre la guerre en Irak, y’a pas photo, on est des cons. Ben excuse-moi d’exister, mais j’insiste: je ne crois pas être la plus imbécile sur cette planète, et tu veux que je te dise pourquoi il y avait autant de manifestants pour CHOI ? Parce que CHOI, ça concerne les gens d’ICI, et qu’on peut y changer quelque chose, on vit dans une démocratie. Si mon action personnelle, à moi, petite Québécoise, avait pu faire que la guerre en Irak n’aie pas lieu, crois-moi, j’aurais bougé. Mais si tu penses que ça ne prend qu’une manif et des pétitions pour faire arrêter une guerre provoquée par le nombril du monde, keep dreaming.
Il existe un dicton que je cite: “Autres temps, autres moeurs.” Je me permets de le modifier: “Autres gens, autres moeurs.” Je crois que cette phrase exprime bien ce dont il est question ici. Les gens se sentent près de ce qu’il arrive à CHOI, et c’est normal: c’est à Québec. Comme par hasard, c’est là qu’on vit… y’a sûrement un lien à faire. Mais note bien, je ne t’enlève pas le droit de t’exprimer, chère Sof, on vit dans un pays libre, et qui plus est, Internet, c’est encore plus libre que tous les pays les plus libres et démocratiques mis ensemble… Et note bien (bis) que je n’essaie absolument pas de te rallier à ma cause: tout ce que je cherche à faire, c’est de te faire comprendre qu’il y a des gens qui peuvent ne pas partager le même avis que toi, ET QUE C’EST TANT MIEUX COMME CA.
Mais il n’y a pas que les propos ouverts. Il y a aussi ceux que l’on exprime de façon plus subtile, comme la propriétaire de mon appartement: après avoir constaté la présence d’un autocollant CHOI sur ma voiture et mon absence hier après-midi, elle me dit: “alors, tu es allée prendre une petite marche de santé hier ?” avec un regard qui signifiait clairement “So, you’re one of them, right ?”. Hé oué. Je fais partie de ces irréductibles, qui résistent encore et toujours à l’envahisseur. Le pire dans tout ça, c’est que selon cette brave dame, si on est intelligent, on est contre CHOI. Bizarrement, ça m’a tout l’air que je suis une des 50 000 exceptions qui confirme la règle…
Ah et un autre détail peut être intéressant à signaler: Reporters sans Frontières se dit préoccupé de la décision du CRTC, et ajoute qu’il s’agit d’un cas sans précédent d’atteinte à la liberté d’expression dans la province. Selon RSF, réduire une radio au silence sur la base exclusive de propos litigieux est excessif et s’apparente à un acte de censure.
Voilà, c’est tout ce que j’avais à dire.
Je suis une X, fière de l’être, fière de ma radio, fière de la marche d’hier, et je resterai sssolide !
Vous ne pouvez pas commenter ce texte.
Laisser un commentaire