Depuis que j’ai quitté la France, je comprends pourquoi j’ai tant voulu y aller.
La moindre parcelle de mon corps se rappelle de chaque instant que j’ai vécu en Europe, des plus tristes aux plus heureux,
Depuis que je suis rentrée, j’ai beau revoir parents, amis, possessions, souvenirs, j’ai toujours l’impression d’être ailleurs.
Mon coeur y est, et ma tête est déchirée entre 2 continents.
Ce que j’ai cherché inconsciemment tant d’années, je l’ai trouvé là-bas. Et je ne connais aucun mot qui serait convenable pour décrire “tout ça”.
Même si je fais une énumération interminable de sons, de gens, d’odeurs, de couleurs, de formes, de vie, de mort, rien n’arrivera à décrire parfaitement:
– le lever de soleil savouré au pied du Sacré-Coeur à Paris
– les poteaux de trottoir parisiens que j’ai failli me prendre dans les rotules à d’innombrables reprises
– l’odeur si caractéristique des boulangeries que je repérais 2 coins de rue à l’avance
– le gravier sous la Tour Eiffel, la vue en contre-plongée
– la ligne 6 du métro parisien qui sort dehors après Pasteur vers CDG-Etoile
– la ligne D du métro lyonnais: “Gorge de Loup. Gare SNCF.”
– les pavés du Vieux-Lyon
– les rues fraîchement lavées par les petits hommes verts
– les carrousels dans les places publiques
– les patinoires qui poussent partout l’hiver
– le soleil méditerranéen
– les flamants roses en Camargue
– le réveil à 2000m au Col de la Madeleine dans les Alpes
– la Sagrada Familia à Barcelone
– le vieux monsieur pour qui j’ai fait des portraits à Genève
– le coup de flip en échappant la clé de la 206 en Camargue
– la Gröte Markt à Bruxelles sous la pluie battante
– le port d’Amsterdam
– les murets de pierre et de crépis avec leurs chapeaux de tuiles romaines
– la gamine que j’ai “subtilement” prise en photo dans le TER qui m’a emmenée de Genève à Lyon
– la petite île au milieu du lac du Parc de la Tête d’Or à Lyon
– les pigeons, je n’en ferai jamais d’overdose
– la fontaine du bassin central des Jardins du Luxembourg gelée le 14 février
– le RER C et le type louche à Ste-Geneviève
– Catherine, Romain, Renaud, David, Fabrice, Benjamin, Renaud, Philippe, Laure, Giuseppe, Magali, Alexandre, Marc, Florelle, Bertrand, Fred, Matthieu, Romain, Xavier, et tous les autres que je n’oublie pas mais que je ne peux pas nommer parce que trop de noms me viennent en tête
– le Mont Blanc
– le TGV et même les vieux TER tout pourris de la SNCF qui me manquent quand même
– chez mon oncle, en Haute-Loire
– le dernier petit village et son église au milieu, que j’ai devinés à travers mes larmes dans mon dernier TGV
– le tour sur Abbey Road à Londres
– le chat Jimmy, qui squattait comme moi
– l’odeur unique du samedi matin
– le postier qui ne mettait jamais le gros sac de lettres dans la grosse boîte marron, qui le laissait dehors même sous la pluie
– le tracteur et les chiens de ce foutu voisin
– les chocs électriques sur la clôture en essayant de m’approcher trop près d’un cheval pour le photographier
– les gâteaux au chocolat quintuple péché de chez Picard
– les Guignols de l’Info
– la rue de la République à Lyon, même avec les sondeurs
– le fromage de chèvre frais
– les TCL même si j’ai ma voiture ici, juste pour le *SCHBIP* de la validation de la carte Técély
– la passerelle St-Georges à Lyon
– le Rhône, partout où je l’ai vu
– le coucher de soleil sur la Méditerranée
– les noms de villes/villages/communes/peu importe, autre chose que des “Saint-Machin”
…
Tout ce qui est gravé dans ma mémoire, et qui y restera à jamais.
Je ne peux pas vivre dans le passé, je n’aime pas les fantômes ni les “c’était le bon vieux temps”.
Je ne peux pas vivre dans le futur, je n’aime pas les chimères ni les “ce serait tellement mieux si”.
Je dois vivre dans le présent, c’est là que je suis maintenant.
Mais rien ne pourra m’empêcher de rêver de voir mon passé dans mon futur.
J’ai un mal du pays qu’aucun analgésique ne pourra enrayer.
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