J’ai ma petite routine du samedi matin, qui va beaucoup me manquer quand je vais rentrer dans mon Québec polaire.
Chaque samedi, après le réveil progressif, je vais au marché.
Explication pour les non-français qui me lisent: tous les mercredis et samedis matin (en général), il y a un marché sur la (les) place(s) publique(s) de presque toutes les villes d’Europe (de l’Ouest, en tout cas, pour tous les pays que j’ai visités, c’est le cas). C’est l’occasion idéale d’acheter des produits qui viennent un peu plus “du producteur” que quand on les achète au supermarché. Y’a pas que des fruits et des légumes, y’a aussi des fabricants de portes et fenêtres, des vendeurs de fringues, des rembourreurs de chaises, bref, tout ce qui peut être effectué par l’artisan du village y est représenté. (Bon là je parle beaucoup plus pour le marché de Craponne, j’ai pas trop visité les autres.)
Donc, le samedi matin, je vais au marché. Ca se déroule -presque- toujours comme ceci:
– En chemin vers le marché, je dépasse toujours un petit vieux super sympa (je lui ai jamais parlé mais bon) qui a l’air de connaître tout le monde (sauf moi) et que quand les gens lui demandent comment il va, il répond “Ça va, je me promène… pas trop vite, mais je me promène…”. J’adore ce type. Je le dépasse plus ou moins près du marché, ça dépend de l’heure à laquelle j’y vais. Mais le temps qu’il met pour s’y rendre, c’est le temps que je mets pour tout faire mes courses et rentrer chez moi, alors je suis certaine de le croiser à l’aller et au retour.
– A 10 mètres du marché, il y a, 1 fois sur 2, mon twit de classe mondiale qui se gare comme un imbécile, style “moé, j’ai un 4X4, pi j’vas m’en servir même en ville”.
– A 9 mètres du marché, j’entends une des vendeuses s’égosiller: “endives/bananes/tomates/salades/tout autre légume/fruit !!! SUPER, madame, 2€ le kilo !!” en boucle, pendant toute la durée du marché. Elle doit avoir des cordes vocales en titane, sinon je vois pas comment elle y arrive.
– A l’entrée du marché, il y a toujours des petits Scouts, ou des petites vieilles, pour vendre des calendriers ou des bonbons ou je ne sais quoi que j’ai pas envie d’acheter alors je fais un gros détour par derrière le café de la place pour les éviter. (Si y’avait des pompiers qui vendaient leur calendrier là je dis pas, mais des Scouts, humpf…)
– Je traverse le marché en me faufilant entre les files d’attente, les gamins qui avancent pas, les chiens pas tenus en laisse, les vieilles qui tirent à grand peine leur cabas, les familles qui se rencontrent et se font la bise en plein milieu de l’allée, et je vais jusqu’à la boulangerie pour acheter mes croissants. Mes croissants du samedi matin, c’est sacré ! Alors je pousse la porte de la boulangerie en l’ouvrant le moins possible parce qu’elle fait un bruit d’enfer depuis quelques temps, ils oublient de huiler les pentures, et je prends mes croissants, en hésitant chaque fois entre croissants et pains au chocolat, et en me demandant chaque fois si je prends une autre pâtisserie avec ça. Mais bon d’habitude je reste aux croissants seuls.
– Je reviens un peu sur mes pas, et là, je fais tout dans l’ordre, pour ne pas avoir à tourner en rond:
— des fois un demi-poulet rôti, le monsieur il est super grand et a des mains énormes, je voudrais pas être un de ses poulets,
— du fromage de chèvre, la madame est super gentille et me reconnaît maintenant, alors quand j’arrive elle me lance “la même chose que la semaine dernière pour la demoiselle ?”,
— des fois un saucisson, mais pas trop souvent, parce que là où il est le moins cher et le meilleur, le mec, c’est un décalé du bulbe et il fait des blagues salasses à des petites vieilles et moi même si je suis pas une petite vieille ça ne me plaît pas trop,
— et, ô moment de joie, les fruits et les légumes: non, je vais pas voir la dame qui s’égosille, parce que ses endives sont trop chères. J’ai mon petit vendeur de fruits et légumes à moi toute seule (bon et aux autres clients aussi mais c’est mon seul vendeur), qui me sert, tout en sourires: “mademoiselle, pour vous ce sera… ?” et là, je lui prendrais tout son étalage juste pour pouvoir voir ses yeux et son sourire plus longtemps. Bon après mon kilo de bananes, mon demi-kilo de tomates, mes clémentines et mes kiwis, y’a plus rien sur la liste, alors je suis bien obligée de dire “ce sera tout, merci…” et là il me dit le total, je lui tends la monnaie, nos mains se frôlent… aaaah. Heum. Bref, voilà.
– Puis retour au bercail: je repasse devant la madame qui s’égosille (toujours aussi fort que quand je suis arrivée), je redépasse le petit monsieur qui se promène mais pas trop vite, je croise un voisin que j’oublie de reconnaître donc de saluer, et je rentre.
Voilà… tout ça va me manquer. Vraiment. Surtout les croissants et mon petit vendeur de tomates…
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