Outre l’utilité (?) de me faire des révélations sur mon caractére meurtrier, ce métro a de _très_ bons côtés. J’y vis (du verbe “voir”, au passé simple, bien sûr)(rho d’accord, “vivre” aussi)(mais au présent, hein, pasque j’y vais encore, dans le métro)(mais bon là j’y suis pas, hein)(merde y’avait longtemps que ça ne m’avait pas pris, cetteparenthésite aiguë)(grmbl j’en étais où moi ??) enfin bref y m’arrive/je vois des trucs complètement insensés.

D’abord, quelques constats cliniques:
– la ligne 4 est la ligne à la plus haute concentration de beaux mecs au mètre carré, entre 19h00 et 23h00.
– la ligne 6 est la plus agréable à prendre le matin quand il fait soleil, de préférence direction Etoile.
– la ligne 12 est pas mal non plus pour les beaux mecs. (Que ceci serve à flatter un utilisateur régulier que je connais bien.)
– Ces trois lignes forment un tiercé gagnant, à mon avis.
– D’autant plus s’il faut passer par Montparnasse pour changer de la 4 à la 6, ou l’inverse. Mais bon, faut prévoir le bon sens du tapis… ou avoir du temps devant soi pour faire le tour de manège. ^^

Maintenant, les anecdotes: (je vois que vous salivez tous… hé, pas sur le clavier, attention, un peu de retenue, quand même !)

– D’abord, catégorie beaux mecs: étrangement, je ne vois les canons que quand je suis seule. Bon, je m’en plains pas, j’ai pas de conversation distrayante à entretenir. Et pour une fois, j’apprécie l’heure de pointe qui force la promiscuité entre les utilisateurs du métro… Je pense entres autres à cette fois, dans la ligne 6 (arrivée de Nation), où j’ai décidé de changer pour la 4 à Montparnasse plutôt qu’à Denfert, pour réaliser que le mec que j’observais (de près ^^) depuis 6 stations descendait lui aussi à Montparnasse et prenait lui aussi la 4. Hum… En plus il est resté jusqu’à Porte d’Orléans, et il a marché au même rythme que moi dans la même direction jusqu’au Périph. Alors toi, oui toi, avec le manteau marine, l’écharpe rouge, le sac Lafuma marine, les cheveux bruns mi-longs, les yeux noisette et le sourire étincelant, tu veux bien prendre la 4 vers Porte d’Orléans à St-Germain ce soir autour de 22h00 steuplé ? J’ai à te causer… 😉

– Catégorie casse-couilles: les musiciens et les mendiants.
Sauf quelques (trop !) rares exceptions de talent musical inconstestable, ça ne vole pas haut. Dans les stations, c’est encore supportable, parfois même très agréable (tous entendus à Montparnasse: violoniste, quintette de cuivres, et marimbiste)(vous appelleriez ça comment, vous qui êtes si fins ?) mais dans les rames de métro, c’est franchement assez difficile à supporter. J’ai rien contre l’accordéon, mais quand j’entends le Beau Danube Bleu pour la 7ème fois dans la journée et que je n’arrive pas à le reconnaitre, (déjà que je blaire pas DU TOUT cette valse guimauvesque) c’est plutôt mauvais signe. Non, leur vie n’est pas facile, jouer de l’accordéon dans une rame de métro en mouvement, bourré de surcroît (l’accordéoniste, bourré, pas la rame)(enfin si, bourrée de gens)(mais en même temps, ptêt que le conducteur de la rame est bourré, m’enfin, j’en sais rien, là je parlais de l’accordéoniste, n’essayez pas de m’embrouiller !)(quoi, c’est vrai, j’y arrive très bien toute seule…)

Donc, comme je disais, pour l’accordéon, je suis pas tolérante du tout.
Z’allez me dire “yaka pas prendre le métro aussi souvent, hé !” mais bon j’ai pas encore mes rollerblade, et puis y fait froid dehors, na. (Attendez, là, je réalise à peine ce que je viens de dire… Je me relis, un instant… Oui, c’est ça, j’ai bien dit qu’il faisait froid. Hey ! Qui m’a piqué mon sang de Québécoise ??!?)
Pour les mendiants, y’a un truc qui m’a sauté aux yeux, enfin, aux oreilles, puique c’est leur discours. (Sinon y’a aussi l’odeur qui me saute au nez, mais ça c’est une autre histoire.) On dirait qu’ils ont tous appris le même texte par coeur. Ils se sont tous fait arnaquer, ils se rabaissent tous à faire ce qu’il font, mais faut c’qu’y faut, et ils ont tous une femme et 3 enfants à faire vivre, alors merci de votre générosité/compréhension et bonne journée/soirée messieurs-dames. (Bon, d’accord, y’en a qui essaient d’improviser, mais c’est pas convainquant…)

– Catégorie hors-norme: ce qui a le plus percuté mes oreilles et/ou toute ma personne (je parle de paroles, pas de gens :p).
D’abord, y’a cet adorable personnage de race noire, dans la 3, qui inondait la rame de commentaires à caractère foncièrement outrancier, suite à la faible remarque d’une pauvre dame qui lui demandait de ne pas fumer dans le métro-s’il-vous-plaît-monsieur: “sale putain de ta race, nique ta mère, je t’emmerde, je viole personne et je tue personne, je fais juste fumer une clope, ta gueule putain, de toute façon je m’en bats les couilles c’est pas mon pays ici, je fais c’que je veux, nique ta mère” etc etc etc. (Comme quoi la cigarette ça rend agressif…) Evidemment tout le monde se retournait dans le métro pour voir ce qui se passait, et à côté de moi, un couple de personnes âgées (je me demande encore ce qu’ils foutaient dans la 3, (paumés ?) parce que à les entendre parler, c’était facile de deviner qu’ils étaient du 16ème…) essayait de voir aussi, et le mari à sa femme: “bon, alors, c’est quoi tout ce trouble ?” et sa femme de lui répondre, haussant les épaules, soupirant et levant les yeux au ciel: “c’est un noâr.” et le vieux de faire une tête genre “ah, ça explique tout…”

Autre anecdote qui me surprend encore, et cette fois c’est parce que j’y suis impliquée.
Encore une fois, dans la 4, je cherchais les beaux mecs (ils se faisaient rares, il était 23h00 dépassées), et déçue, je m’étais plongée dans ma lecture, jusqu’à ce qu’on m’en distraie, à Odéon. 5 personnes bruyantes étaient entrées et discutaient très fort de leur soirée. En écoutant/regardant, on pouvait facilement comprendre que c’étaient des comédiens qui sortaient d’une répèt de théâtre. Look totalement bohème genre “artiste qui s’assume et qui ne se coiffe pas et qui se change seulement apès la dernière représentation par superstition”, et le discours qu’ils tenaient tous (3 hommes et 2 femmes) rappelait vaguement un combat de coqs:
– Comment je lui ai dit moâ au metteur en scène que c’était nul son idée de faire ceci–
– Mais comment il t’a replacé en disant que cela, alors que moâ, quand j’ai parlé, il a compris que j’avais raison et que–
– Mais moâ quand j’ai parlé t’as vu sa tête et–
– De toute façon c’est grâce à moâ si on monte ma pièce d’une façon décente, parce que sans moâ, vous seriez encore au premier acte, et–

Well, you get the point.
Donc, ces adorables caricatures disctutaient gentiment, et moi, je ne lisais plus du tout mon bouquin, trop amusée que j’étais par ce spectacle gratuit. Leur conversation a dévié sur les qualités d’un vrai artiste, genre imagination, anticonformisme, alcoolisme (euh… pardon, là je rajoute), bref, you get the point once again.
Malheureusement pour moi, je les observais de façon beaucoup trop évidente, car le chef de la basse-cour s’en est pris à ma petite personne:
– (style pompeux) VOUS, par exemple, vous ne pourriez JA-MAIS être une artiiiisteuh !
– (moi, complètement sidérée) Ah bon ?
– (encore pompeux, et fier de constater que je suis mal à l’aise) Grrrrands dieux que non ! TOUT en vous inspire le conformisme ! Regardez-vous: chaussures, chaussettes, pantalon, pull, costard et sac noirs, si vous pouviez avoir les yeux et les cheveux noirs, vous le feriez, mais vous n’oserez jamais, parce que ça irait à l’encontre de ce que votre corps vous impose !
– (un tantinet outrée)(bon, d’accord, franchement piquée au vif) Ah bon.
– (victorieux) Voyez, même votre façon de répondre trahit votre conformisme flagrant !
– (je vais le prendre à son jeu, lui, tiens) Ha bon.
– D’ailleurs, vous nous méprisez sûrement, moi et mes collègues, à cause de notre allure générale et de mon discours…
– Là, je peux pas dire que vous avez tort.
– Donc, vous avouez pleinement votre conformisme ?
– Non.
– ?!?
– (gniark)(grande inspiration)(ton calme, posé, voire un peu ennuyé et détaché)(il va voir ce qu’il va voir, ce mec, moi aussi j’ai fait du théâtre) Vous qui êtes SI différents, vous me jugez de façon totalement contraire à ce que vous espérez de la part des autres: l’apparence. Par ce comportement, vous êtes plus conformiste que moi, qui ne vous avais pas jugé avant de vous entendre m’adresser la parole… vous avez fait ce que tout le tout le monde fait.
– …
– (on arrivait à Porte d’Orléans, dieu merci) Ainsi, vous décrire les passions artistiques qui m’animent serait totalement inutile, puisque avant même que j’ouvre la bouche, vous étiez d’ores et déjà convaincus de mon conformisme bétonné. Aussi, si vous voulez bien m’excuser, l’escalier et le trottoir de cette ville attendent que je les foule de mon pas conformiste, le paysage attend que mon regard conformiste se pose sur lui, et mon corps conforme réclame de l’air conformé. (ouverture triomphale de la porte, et je pars, la tête haute. Rideau.)

Je vous raconte pas la poussée d’adrénaline qui m’a assaillie tout juste avant que je parle, ni mon rythme cardiaque affolé tout juste après. Mais les miroirs dans les corridors de la station de métro m’ont permis de voir que ma réponse avait eu l’effet d’une douche de kérosène sur les comédiens. J’avoue que j’étais fière. Merci l’impro et le théâtre que j’ai déjà pratiqués comme une religion… Pendant que je marchais vers la sortie, un mec (plutôt mignon, oui) m’avait ratrappée pour me demander, sourire en coin, si j’avais déjà pensé à une carrière dans le théâtre… Après avoir rigolé un peu, j’ai répondu mon classique: “Non merci, j’essaie d’arrêter… ;)”

Dernière anecdote, je fus démasquée. Bon, j’aurais dû m’en douter… à force de dire que je suis sur Paris et de mettre ma photo dans d’autres sections de ce log, c’était prévisible que ça m’arrive un jour… J’aurais eu une chance de passer inaperçu si j’avais pas levé la tête en entendant parler de bloggeurs que je connais, et si j’avais pas été en train de prendre des notes dans mon chtit calepin. 2 mecs en face de moi parlaient de blogs et de gens qu’ils lisent, et un des deux me regardait en disant à son pote “tu vois, elle chuis presque certain que c’est une bloggeuse, et sa tête je l’ai déjà vue sur un blog que je lis, j’arrive pas à me souvenir” “tu m’as filé l’URL ?” “oui, tu te souviens, son site est bleu pâle, et elle parlait de voyage et il me semble que c’était une québécoise” (là, je déglutis et je cherche une autre place où m’asseoir pour prendre mes notes) et là le premier mec se lève et le dit “Hé toi, t’es une bloggueuse, hein ?” et moi, trop figée pour répondre quoi que ce soit, pendant que l’autre rapplique en disant “Ha oui je me souviens de son pseudo, c’est Akelia !” Stupeur. Qu’on me reconnaisse dans ma ville au Québec, ça, je m’y étais préparée. Mais qu’on me reconnaisse dans le métro, à Paris, ça, non. Enfin, pas “déjà”… Bon après tout c’est limite flatteur, et puis les mecs ils étaient sympa, et ils m’ont bien fait rigoler avec leurs questions sur le Québec et sur “Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut commencer un blog ?” … (Coucou les mecs :p)

Bref, chuis pas près d’oublier ce que je vis en ce moment… oh non !

Wala, et un pavé pour le métro, un ! …

Tout ça, c’est sans raconter les innombrables fois où:
– j’ai dû, comme ce que dek\ disait, ramasser mes tripes avant de tenter une deuxième fois de franchir le tourniquet parce que j’avais repris mon ticket trop vite
– j’ai failli ne pas pouvoir sortir/entrer à temps du métro pour cause de rame bondée
– j’ai failli perdre une partie de mon corps ou mon sac à dos suite à une fermeture des portes alors que j’étais encore en train de ramasser mes tripes
– je me suis dit “super, chuis en avance”, et que hop, problèmes sur la ligne
– je sprintais entre le quai du métro et le quai des RER ou des grandes lignes en me disant “je vais le rater” et que puisque j’étais pressée, tous les escalators étaient bondés/fermés, donc je grimpais à pattes, puis j’arrivais hors d’haleine aux guichets, et au moment où j’arrivais, j’entendais “dernier appel” pour mon train, et hop, plus qu’un guichet d’ouvert, (nan, je peux pas prendre les distributeurs, pas de CB, et ma Visa n’a pas de puce), et y’a une file d’attente terrible, et la fille au guichet ne comprend pas quand je parle parce que dans l’énervement et l’essouflement j’oublie de ranger mon accent québécois, et qu’elle ne pige pas que j’ai pas de code à faire pour ma carte, que c’est une signature, et que enfin j’ai mon billet et je cours vers la voie de départ en bousculant plein de gens et en ne m’excusant pas, et que je saute dans le wagon au moment du coup de sifflet, et que par chance c’est le bon wagon, mais qu’il ne reste qu’une place à côté de cette poufiasse avec 3 kg de maquillage qui empeste le parfum bon marché et qui passera probablement tout le trajet à piailler dans son portable, et que le contrôleur n’a pas ses lunettes et qu’il reconnaît mal que c’est ma tête sur la carte 12-25… merci Murphy, tu mets de l’action dans ma vie !

… Après bientôt 3 semaines passées sur Paname (:p) et les environs, je peux dire que je connais le rythme de vie. Je m’y ferais, en fait, je m’y suis déjà fait, si je pense à cette idée folle que j’ai, qui ne veut plus quitter ma tête… Parisiens, je vous plains. ;p