(Attachez-vous, c’est un long post qui, au départ, ne devait pas prendre cette tournure.)
Évidemment que je raconte mes rêves. En plus, ça me donne une occasion de ne pas les oublier.
Avant-hier, j’ai rêvé que je devais conduire un gros bus de ville, et à revoir le tracé, plein de courbes et de côtes, c’était pas le 1 ou le 7 (pour les habitués de Québec), mais plutôt genre le 80, 82, 87, ou ptet aussi le 801. Bref, le genre de tracé qu’il faut pas s’endormir dedans quand on conduit. Et le genre de circuit qui inspire une trouille énorme à propos des freins et de la direction du bus. Parce qu’évidemment il était pas neuf, l’ordure… Et puis bon, pendant tout mon rêve, je conduisais, et voilà tout. J’ai même pas souvenir qu’il y ait eu des gens qui montent ou descendent à des arrêts. Je ne suis plus certaine s’il y avait des gens dans le bus ou pas, mais je crois que oui. M’enfin, voilà pour le rêve d’avant-hier. Amusez-vous dans les analyses, perso j’ai mon idée, mais c’est plutôt faible.
Hier (cette nuit) j’ai rêvé à plein de gens. Autant mon rêve du bus était vide de visages connus, autant celui-ci était plein à craquer de gens que je connaissais, et de très près…
J’étais dans l’école secondaire Champagnat, à La Tuque (là où ma maman enseigne)(j’allais pas à cette école, moi), et ça se passait genre “maintenant”, parce que j’avais l’âge que j’ai maintenant. (Ouah, c’est après toute mon éducation que je suis arrivée à cette conclusion ?? Je m’étonne.) Et puis donc j’étais dans cette école, assise près de la bibliothèque (là où je rejoignais toujours mes potes), sur une petite chaise pliante en plastique, entourée de tout plein de chaises semblables qui se remplissaient peu à peu avec des élèves de l’école, des élèves que je ne connaissais pas, mais ils sont accessoires dans l’histoire.
Donc, les chaises devant moi se sont graduellement occupées, et quelqu’un a parlé, tout devant, mais j’ai pas entendu ce qu’il a dit. Je crois que c’était le principal de l’école. (Faut savoir que le copain de ma maman a déjà été principal de cette école…) Et puis après son discours, tout le monde s’est tu (évidemment qu’ils parlaient pendant, vous vous attendiez à quoi ? je fais des rêves fidèles à la réalité, moi, je rêve pas à des mioches sages qui se la ferment et qui écoutent quand le principal parle !) et on a entendu de la musique. Mais la musique ne venait ni de devant, ni d’à côté, enfin, moi j’ai pas pu voir les musiciens, mais je sais que c’en était, et que c’était pas un enregistrement. Gershwin, Rhapsody In Blue. À la clarinette: mon premier copain.
(Parenthèse: mon premier vrai amour, durée de l’histoire, 1 an et quelques poussières, particularité du mec: joue de la clarinette comme un dieu. Mais fier comme un paon.) J’ai reconnu son (comme “le sien”) son (comme “sonorité”) tout de suite. (Et le sale, il savait faire parfaitement le glissendo du début de la pièce. Enfin, il était déjà capable quand on était ensemble, on avait 15 ans. Mais là, ça frisait la perfection cosmique. J’en ai encore des frissons à y penser.) Et dès que j’ai entendu les premières notes, donc, je me suis retournée pour voir si la musique ne venait pas de derrière, mais c’était pas le cas.
Mais derrière moi, il y avait tous mes potes d’il y a 4 ans. Tous ceux que je ne vois plus, ou une fois par année, par hasard, au coin d’une rue, furtivement. Tous ceux avec qui j’ai passé les plus belles soirées de ma vie. Tous ceux qui m’ont initiée à l’informatique, à la musique, à la vie, à l’amour, à l’amitié, au sport, aux voitures, bref, à tout ce qu’une maman ne pouvait pas faire puisque je m’en éloignais.
<mode snif ON> Ces potes, ils me manquent horriblement aujourd’hui. Ces amis, ce sont les meilleurs que j’aie jamais eu jusqu’à maintenant (à l’exception de quelques personnes que je connais à Québec). Ces gars (parce qu’il n’y avait pas de filles dans mes potes), je donnerais bien des choses pour pouvoir les revoir, “comme avant”. Comme avant qu’on s’éloigne tous de La Tuque. Comme avant qu’ils se fassent une copine. Comme avant que je ne m’enferme dans un appart pour étudier. Comme avant… comme avant, quoi ! Mais bon, apparemment, c’est impossible. Mon meilleur ami ne peut plus me voir, copine top jalouse. Bill est à Trois-Rivières (115 km de Québec), on se parle 2 fois par an. Steve est à Montréal (250 km de Québec), on s’est vus “souvent” cette année (comprendre 3 fois). Éric est retourné à La Tuque (265 km de Québec), on s’est vus quand même assez souvent, mais bon, jamais autant qu’avant. Simon est toujours à La Tuque, et trop pris par son boulot et sa copine. En clair, on ne se voit plus, et ça me déchire chaque fois que je les entrevois, sans pouvoir prendre un peu plus de temps avec eux. </mode snif ON>
Donc, dans mon rêve, derrière moi, tous ces potes. Tous ces gens, chers à mes yeux, que je ne peux plus voir. Et leur visage… Un visage triste, qui semblait me dire à l’unisson “Hé, c’est la vie, faut l’accepter, ne pas se retourner, regarder devant soi, et avancer.” Pardon, mais là, je peux pas retenir mes larmes.
Quelques uns le savent déjà, je prépare un voyage. Un long voyage. Je n’en reviendrai peut-être pas. Je ne sais pas encore ce que le futur me réserve. Mais ce rêve, il sentait trop “la fin”. Comme si tout ce à quoi j’ai rêvé était maintenant derrière moi, pour de bon. Fini. N’a pu. Terminé, les potes de La Tuque, les souvenirs de musique, de festival des Harmonies, d’informatique, de HD fracassés sur un plancher de ciment, de fou-rires, de “on décide à la dernière minute qu’on va à la plage cet après-midi, hop dans la voiture d’Akelia, on est trop pour être tous attachés mais c’est pas grave”, de films, de cris quand on se voyait le vendredi quand j’arrivais pour le week-end, des soirées sous les étoiles sur un quai, des feux de camp, de… Excusez-moi, je reviens, ma boîte de mouchoirs est vide.
Quand j’y repense, je peux pas m’empêcher de me dire que ce sont les plus belles années de ma vie qui sont derrière moi.
Je sais que j’en prépare d’autres, que ce n’est que le début, que mon voyage va m’apporter des choses au-delà de mes espérances, blablabla… Mais ces années, avec ces copains, c’est un morceau de moi qui m’est lentement arraché par le temps. Un morceau de moi trop gros pour que je me permette de l’oublier, que je le relègue à mes oubliettes personnelles.
C’est avec ces amis que j’ai vécu mes plus fortes émotions, des larmes de joies aux larmes de tristesse. C’est avec eux que j’ai découvert le monde qui m’entourait de la bonne façon. C’est avec eux que j’ai appris à vivre. Dans le vrai sens du terme. Ma maman m’a inculqué des valeurs, une morale, bref, la façon de me conduire dans la vie. Mais elle ne m’a pas montré la vie. Et ces amis que j’ai eu, c’est un peu la même chose pour eux. On s’est créé une famille à nous. Et j’ai peine à croire que c’est la fin. Et j’ai encore plus de peine à croire que ça ne les affecte pas. Je sais qu’on est de la génération des divorces, mais quand même… Qui se remettra de la séparation ? Pas moi, enfin, pas pour l’instant. Je suis en train de perdre des frères… C’est une mort lente, désagréable, insupportable, d’autant plus qu’elle est causée par l’éloignement physique.
Il faut se rendre à la réalité: la vie qui nous a uni nous sépare maintenant. Je dis “maintenant”, mais bon, c’était déjà bien commencé y’a 2 ans. C’est l’heure de mener notre vie, chacun de notre côté, en grande personne responsable, qui a des plans pour le futur, un avenir brillant, des enfants en vue dans moins de 5 ans, la voiture, la maison… Peut-être sauront-ils garder un côté “jeune”, qui leur donnera envie de se rappeler “le bon vieux temps” une fois par année… ou peut-être pas. Quoi qu’il arrive, ils auront toujours une énorme place dans mon cœur. Ce sont les hommes de ma vie, après tout…
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