C’est notre première croisière sur un navire de cette classe, qui porte le même nom que le bateau. Le Vision a été inauguré en 1998 et à quelques chiffres près, il est très similaire au Titanic en terme de volume, taille, capacité de passagers… Il compte 10 ponts, 2 piscines, 6 spas, 6 ascenseurs, une salle d’entrainement; il mesure 279 mètres de long (le Titanic 269 mètres) et accueille 2 435 passagers et 765 membres de l’équipage (le Titanic avait 2 471 personnes à son bord lors de son voyage).

Les dimensions du Vision sont calculées pour qu’il puisse passer dans les canaux de Suez et Panama, autant par son tirant d’eau que par sa hauteur, soit 28 mètres à partir du niveau de l’eau. Dans le Canal de Suez, nous devons passer sous un pont à Ismaïlia, le seul pont rattachant la péninsule du Sinaï au reste de l’Égypte; le dégagement entre le tablier du pont et le niveau de l’eau est de 30 mètres.

Le navire porte quelques signes de son « âge »: plus de rouille (et couches de peinture plus visibles), planchers et moquettes plus usés/défraichis, design et décoration un peu trop dorées et cuivrées, agencement des couleurs très « années 1990 ». Le navire a subi une petite cure de « rajeunissement » en 2013, en cale sèche, où il a reçu les mises à jour de la classe supérieure: télévisions à écran plat, internet sans fil, mur d’escalade extérieur à l’arrière du bateau.

La cabine est très similaire à celle que nous avions sur le Brilliance of the Seas (classe Radiance). Le coin bureau est plus ou moins ergonomique, le hublot est grand et il y a de la place pour s’asseoir à côté et regarder, la douche est terriblement frustrante (rideau de toile qui se colle à nous dès que l’eau coule, pomme de douche qui décroche à rien), le lit est confortable avec 5 épaisseurs de sur-matelas, la causeuse 2 places est une perte d’espace (on ne s’y assied jamais) et l’orientation du lit et de la télé font que c’est très complexe de marcher vers mon côté du lit. Nous avons fait l’erreur de choisir une cabine située sous le pont 5, dans la partie non-accessible au public, où tous les matelots font les manoeuvres pour déployer/ranger l’ancre, les cordages, poulies et autres outils hydrauliques ou mécaniques bien bruyants. On est réveillés systématiquement très tôt les matins où on accoste pour une escale. Je dis « erreur » parce qu’on ne savait pas… mais les cabines 4516 à 4500 (tribord, ou starboard), et 4016 à 4000 (bâbord, ou portside) sont dans cette catégorie. On en prend bonne note…

Les espaces communs dans le navire sont relativement bien répartis. Je n’ai jamais cherché de place pour m’asseoir sans en trouver. Les ponts extérieurs (5, 9 et 10) ont une certaine quantité de chaises, longues et droites. La piscine et les spas extérieurs sont au pont 9, de même que le Solarium et le Windjammer (resto buffet). Le défaut majeur du navire est sans doute la proximité du Casino Royale avec les espaces publics tels que le Centrum, le Schooner Bar et les boutiques… ça empeste la cigarette dès qu’on est près des portes du Casino, et celles-ci sont toujours ouvertes. D’ailleurs, parlant de cigarette, la moitié des ponts extérieurs du navire est « fumeur »: le côté starboard (tribord). Pas agréable de les traverser, en plus qu’avec le sens du voyage, c’est toujours de ce côté que le soleil se trouve (du moins, jusqu’à l’escale à Oman).

Les piscines et spas sont toujours très propres, probablement à cause de toutes les règles que le bateau dicte concernant les enfants en bas âge. L’eau des piscines est salée et les spas sont traités au brome. Toute l’eau des bassins est complètement vidée une fois par semaine. D’ailleurs, l’eau disponible dans tous les espaces publics (buvettes, toilettes, restaurants) provient du système de traitement des eaux du bateau et est potable. Je voyage toujours avec une bouteille Brita qui contient un petit filtre au charbon, si l’eau du robinet de notre salle de bains goûte le chlore je n’en sais rien, le filtre coupe les arrière-goûts.

La salle d’entrainement est au pont 10, juste au-dessus du spa. Ce n’est pas une très grande salle mais en y allant sur l’heure du diner, j’ai toujours eu un vélo ou un tapis roulant disponible. Il y a un bon nombre d’elliptiques, des machines à muscles, des tapis d’étirement, des poids libres, des ballons… c’est un gym relativement complet même si la pièce n’est pas très grande. Je sais qu’ils organisent des séances de yoga, bootcamp, spinning… mais c’est payant et les tarifs sont un « pensez-y bien ».

Il y a une piste de course sur le pont 10 mais les chaises longues l’envahissent fréquemment et c’est plutôt suicidaire d’essayer d’y courir car les signes indiquant de marcher à droite et courir à gauche semblent échapper aux marcheurs les plus lents (qui marchent 3 par 3 souvent). Ajoutez à ça le slalom entre les chaises longues, les sacs de piscine et les verres partis au vent et vous avez toutes les bonnes raisons du monde de préférer un tapis roulant. Sinon, les déplacements sur le bateau sont relativement simples et fluides quand on apprend à connaitre les raccourcis, utiliser des endroits oubliés et emprunter les escaliers.

Un des reproches que je pourrais adresser à RCI (ou au Cruise Director) est le choix de faire jouer de la musique forte à tout moment du jour, peu importe l’endroit (ou presque). Le volume a toutefois diminué autour de la piscine après le jour 10, peut-être est-ce pour éviter d’attirer l’attention des pirates… Le seul pont du bateau où on peut s’asseoir sans musique pour écouter le bruit des vagues est le pont 5, où on entend aussi les moteurs. Autrement, le Centrum est toujours animé par des musiciens ou un enregistrement, idem pour les ponts 9 et 10 autour de la piscine et le gym pousse une boucle de zikàboumboum franchement désagréable.

Contrairement aux buffets sur les navires des classes supérieures, la nourriture dans les restaurants « inclus » du Vision est bonne, sans être extraordinaire. Le petit-déjeuner du Windjammer est très répétitif, en buffet. Fruits, pains, viennoiseries, oeufs et omelettes, toasts, saucisses, pancakes à l’américaine, pain doré, bacon (pas toujours bien cuit), patates rissolées (pas toujours bien cuites)(les « harsh brown » sont mieux), céréales, lait, yaourt, jus de fruits… de quoi se constituer un déjeuner du champion chaque matin. Mais les saveurs ne sont pas toutes extra, les textures non plus. D’autres endroits servent des petits-déjeuners, soit le Park Café ou Solarium (selon les bateaux), pour les « Early birds », ainsi que la salle à diner principale. Pour avoir des bons déjeuners préparés et servis, c’est le meilleur endroit. On y va très rarement à cause de notre horaire alimentaire matinal toujours très différent… Sur le Vision, nous avons fait une seule fois l’erreur de commander notre petit déjeuner à la chambre… never again. Tout était froid, les portions ridicules, les items à moitié cuits, le café en jus de chaussette… D’ailleurs, le café mérite un paragraphe à lui tout seul (j’y reviens).

Les diners (lunch) sont aussi en formule buffet, toujours dans le Windjammer. Le menu est tout aussi répétitif, seules quelques protéines changent d’une journée à l’autre. Plus souvent qu’autrement, je me compose une salade et quand il y a du poisson j’en prends. J’ai un midi composé ma poutine (fromages variés tranchés, découpés, sauce à patates pilées « gravy » et frites, résultat plus que satisfaisant). Les desserts sont loin d’être exceptionnels, sans être mauvais ils sont quelconques et je préfère presque systématiquement aller me servir une crème glacée à la machine distributrice.

Les soupers dans la Main Dining Room sont bons, sans être galopants de qualité. Les choix sont bien variés et malgré le fait que nous connaissons les menus répétitifs (en cycle) des croisières de 5 à 7 jours, nous avons effectivement des cartes différentes chaque jour avec des plats nouveaux. Avec le temps, on retient nos classiques et on se permet aussi quelques essais. Notre horaire de repas est le « My Time Dining », qui est un choix d’heure différente des deux services (18h00 et 20h00), ça nous permet de manger à l’heure qui nous convient mais avec une moins grande latitude et un moins long délai entre les services. Les portions sont raisonnables et si aucun des choix du menu du jour ne nous convient, il y a quand même les plats « incontournables ». Les serveurs sont gentils sans être véritablement à l’écoute ou chaleureux, ce qui est différent des autres croisières. Quelque chose me dit qu’on est avec des employés plus « nouveaux » dans l’entreprise et qu’ils font leurs armes dans les plus petits bateaux avant de « graduer » vers les plus grosses classes.

Le bateau compte également des « Speciality Restaurants »: IZUMI (sushis à la carte), Giovanni’s Table (italien) et Chops Grille (steakhouse). Ces restaurants offrent une nourriture exquise, des portions du diable et un tarif autre 29$ et 39$ USD par personne (sans les rabais). Il faut toujours attendre après la première moitié d’un voyage pour y aller… car les premiers soirs n’ont jamais de tarifs spéciaux et sont toujours pleins! On y mange bien, les serveurs sont toujours hyper attentionnés, et on sort de là complètement repu (voire plus).

Le vin (l’alcool): la plupart des bars du bateau offrent des cocktails variés, tous avec la même recette ou presque, au même tarif ou presque. Le choix des bières varie par contre d’un endroit à l’autre, tout comme le vin. Le meilleur rapport goût/prix/quantité sur le Vision est la Corona Extra, qui est une grosse bouteille à moins de 5$ USD, disponible dans tous les bars. La Main Dining Room a une carte des vins proposant centaine de choix (blanc, rosé, rouge, mousseux) et cette carte est complètement différente (et beaucoup plus chère) dans les restaurants de spécialité. Si le server vous aime bien il vous proposera des vins qui ne sont pas sur la carte, peu importe où vous serez. Mais retenez que par défaut, aucun bar ni restaurant n’a les vins les moins chers de disponibles, comme par hasard. Le petit Merlot à 29$, je ne l’ai jamais goûté nulle part, mais il est sur toutes les cartes, de tous les bateaux! À partir de 33$ certains ne sont « pas disponibles » non plus mais on commence à faire leur bonheur quand on commande des vins à 39$ USD.

Le café: lors de nos premières croisières, nous avons bien entendu pris des habitudes de grand confort et qualité. Le café des navires de la classe Oasis est irréprochable, même s’il s’agit d’un café filtre. Sur le Vision, le problème n’est ni le type de café utilisé (du Lavazza emballé sous vide), ni les machines à filtre, ni la recette, ni les employés attitrés… mais bien les clients. Incapables d’attendre (ou alors complètement aveugles) ils se servent du café dans un bidon en train d’être rempli, avec le petit voyant BREWING bien allumé. Résultat: les premiers arrivés ont un café très fort, les derniers ont le jus de chaussettes dilué. Comme je n’aime pas mon café en dose homéopathique, je fais souvent la tournée des 5 postes distributeurs de café pour tester et trouver celui qui n’a pas été vidé/dilué… la mission est souvent périlleuse. Christophe s’est fatigué de chercher et d’être déçu et finit par payer 4,95$ pour des cappuccinos au Café Latte-Tudes…

Pour cette croisière en particulier, nous avons vécu des situations (ou plutôt des préparatifs à certaines situations) très différentes des croisières dans les Caraïbes/Bahamas. Certes, tous les navires doivent se soumettre à un exercice d’évacuation et rassemblement sur le pont et aux « Muster Station » mais en plus de cet exercice, nous avons aussi eu une préparation en cas de présence de navire suspect (comprendre: pirates): en cas d’alerte SAVE HAVEN, les passagers présents dans les aires ouvertes, près des fenêtres ou dans les cabines dotées d’un hublot ou d’un balcon doivent se rendre dans une salle sans fenêtres, au centre du bateau, en l’occurrence la salle de théâtre pour le Vision. En plus de cet exercice, dès l’entrée du Canal de Suez jusqu’à Salalah (Oman), des agents de sécurité supplémentaires (lire: mercenaires armés, milice privée) sont engagés et montent la garde sur les ponts extérieurs, jour et nuit. Dans les secteurs plus « chauds » (sortie de la Mer Rouge vers le Golfe d’Aden et la portion côtière de l’Océan Indien bordant le Yémen), les ponts extérieurs sont fermés du coucher au lever du soleil et les lumières extérieures du navire sont toutes éteintes.

Les activités à bord sont autant variées que la clientèle. Ensembles de musiciens, cours de danse sociale, quizz, concours aquatiques, karaoke, sudoku, films, soirées dansantes, casino… il y a aussi des postes informatiques, des livres en prêt, des jeux de carte, jeux de shuffleboard, tables de ping pong… toutes ces choses sont gratuites. Chaque soir, un spectacle différent est présenté. Deux représentations pour une production professionnelle avec des chanteurs, musiciens, humoristes, danseurs… le tout dans la grande salle de théâtre avec l’orchestre du bateau. Il y a vraiment de quoi pour tous les goûts et je ne me suis jamais sentie obligée d’assister à quelque chose, et le cliché de « la croisière s’amuse » n’est valide que si vous décidez de le recréer.

Pour moi, l’avantage indéniable des croisières est le sens du mot « vacances ». Pas de ménage, pas de cuisine, pas de vaisselle, pas de lavage, pas de ramassage, pas de bois à rentrer, pas de cour à gratter, pas de gazon à tondre… pendant la durée du voyage. Quelqu’un se fend à nettoyer ma chambre, laver mes draps, cuisiner mes repas, laver ma vaisselle… je suis souvent plus productive dans mon travail lorsque je suis « en vacances ». Et les plantes sont fausses sur le Vision, pas besoin de les arroser. On pourrait bien faire 7 jours en mer sans escale (une transat) que je ne m’ennuierais pas.

Je préfère les croisières aux « tout inclus » pour une raison très simple: l’eau. En croisière, j’accède à ce paysage soit de mon balcon, soit d’une chaise longue au bord d’un pont. Je n’aime pas l’eau salée et l’idée d’avoir à me battre pour aller cuire toute une journée au bord d’une plage et craindre de me faire prendre ma chaise pour trois minutes d’absence me déplait fortement. Je me suis toujours davantage baigné dans les piscines et même si l’alcool est inclus dans ces forfaits, il n’est pas toujours bon, pas en grande quantité, et le tarif des croisières qu’on fait, en ajoutant l’alcool, revient au même que les tout-inclus. Certes on pourrait trouver des croisières moins chères, d’autres plus chères, mais après avoir comparé, c’est seulement une question de confort et de luxe. La seule chose qui diffère légèrement est l’avion (les départs des croisières ne sont pas toujours aussi bien desservis que les tout-inclus) et le transfert entre l’aéroport et le port. Mais encore une fois, même si le prix total pour une croisière est supérieur (ce n’est pas toujours le cas) je préfère les croisières… pour des vacances de ce genre. Il n’est pas question de séjours de découverte où on demeure au même endroit pendant plusieurs jours histoire de s’imprégner de la culture locale… ces voyages me plaisent évidemment tout autant mais demandent un autre état d’esprit, et les croisières permettent de mettre le cerveau à « off »!

Pour terminer, une note sur l’hygiène. Dans les tout-inclus, c’est bien difficile de ne pas rentrer malade… je n’ai jamais été malade en croisière! La quantité phénoménale de « Purell » et les nettoyages fréquents des ponts, chaises longues et rampes d’escalier sont directement garantes d’une moins grande transmissions de microbes en tout genre. De plus, aucune nourriture n’est suspecte dans le bateau. Les glaçons sont faits à partir de la même eau qu’on boit et tout est filtré dans le système interne de dé-salinisation du navire. Vous voulez rentrer reposé de vos vacances? C’est bien moins risqué que dans un tout-inclus, et en bonus, vous n’aurez pas à vous farcir le 10-roues de sable quotidien dans vos chaussures, entre vos orteils, dans la douche, sur le plancher de la chambre… du confort de plus.