Le premier coup d’oeil sur Venise s’est fait par le hublot embué du Airbus 319. Je devine de l’eau… très près des pistes d’atterrissage de l’aéroport Marco Polo. Une fois sur place, nous devons attendre ce qui nous apparait une éternité pour retrouver les gens qui partagent le bateau-taxi avec nous jusqu’à l’hôtel. Nous sommes les derniers à descendre, ce qui nous vaut le tour presque complet du Grand Canal! Il a cessé de pleuvoir, il fait nuit, certains bâtiments sont illuminés, mais la grande majorité de la ville est dans le noir. Je réussis quelques photos et ce n’est que grâce à l’adrénaline que j’arrive à tenir jusqu’à notre hôtel, le Carnival Palace. Ça fait presque 24h qu’on a quitté Montréal et le nombre d’heures de sommeil peut se compter sur une main… disons que le dodo est urgent et imminent.
La découverte de Venise doit se faire impérativement avec une carte, qu’elle soit papier ou sur un GPS de téléphone! Les innombrables, rues, ruelles, passages, culs de sac, canaux et ponts ne sont pas organisés dans une logique qui nous est accessible, nous, simples mortels. Et bonus: il pleut! Entre le parapluie, l’appareil photo, le téléphone pour Google Maps, les flaques d’eau, les touristes indisciplinées et les vénitiens impatients, pas facile de visiter! Je n’ose pas imaginer le portrait si on avait visité en haute saison.
Avant de partir, Christophe avait acheté la Venice Box, un carnet utile pour les touristes qui contient une carte, un billet de vaporetto valide pour 72 heures à partir de la première validation, un bon d’entrée pour les musées du Palais des Doges et de la place St-Marc (mais pas les églises!), et quelques coupons rabais dans certains restaurants. On aurait pu rentabiliser davantage le tout en restant un peu plus longtemps mais c’est bon à savoir que ce truc existe! (Le défi est surtout de trouver l’endroit où récupérer ledit machin, puisque le concept de numéros civiques semble un peu abstrait là-bas: par et impair des deux côtés, ça monte puis redescend sans aucune logique… et le 77 s’avère finalement être le 99. Go figure!)
Pour ma part, j’étais pointilleuse sur deux choses: je ne voulais pas consommer quelque chose de trop touristique et je voulais sortir des sentiers battus. Bon, pour le 2e point, très difficile: TOUT est un sentier battu à Venise, il faut marcher très longtemps et prendre plusieurs vaporettos (vaporetti?) pour quitter les quartiers touristiques. La ville entière est un artéfact et une pièce d’histoire… Et pour la consommation touristique, ça impliquait de ne pas manger dans un resto kitch, ni d’acheter des mauvais souvenirs. Une des choses que j’avais lues était de bien me renseigner sur la provenance des trucs à vendre, et de me tenir loin des simples « ristorante » mais de viser plutôt les « osteria », des petits bistros fréquentés par les locaux. Nous avons trouvé! Pizza délicieuse, et découverte d’un cépage qui est trouvable à la SAQ, mais que je ne connaissais pas: le Bardolino, un cépage de Vénétie. Ça a fait partie de mes emplettes du soir!
D’ailleurs, si vous restez plusieurs jours, je vous recommande de ne pas passer tout votre temps dans les restos. Pour le souper, nous avons préféré faire notre épicerie chez COOP pour acheter jambon blanc, prosciutto, tomates, mozzarella fraiche, biscuits variés, vins locaux et autres gâteries savoureuses de l’endroit. Notez par contre que le pain français est meilleur que l’italien trouvable en supermarché… donc si vous le pouvez, visez une boulangerie!
Pour voir et sentir Venise, il faut y passer plus de 24 heures, sinon la sensation de « trop d’eau » nous empêche de lever les yeux et voir les choses comme il faut. Il est vrai que tant qu’on n’a pas VU les rues en eau, il est difficile de s’imaginer une ville complète où la circulation se fait par bateau, ou par des rues piétonnes relativement étroites. C’est d’ailleurs un choc de débarquer sur la place St-Marc, où l’espace est si vaste qu’on se demande si ce n’est pas un piège dans lequel on se jette.
Le Palais des Doges est à voir une fois dans sa vie, même si on sort de là avec une impression de « trop plein ». Après quatre ou cinq salles aux plafonds peints, aux dorures et boiseries mises en évidence, aux parquets foncés (bois ou marbre), le tour devient redondant même si on écoute le petit guide audio. C’est très chargé et malgré toute la valeur artistique et historique de l’endroit, on ne retient pas tout… c’est comme essayer de caser un cours de 45 heures sur l’histoire de Venise du 13 au 16e siècle, en 2 heures! Ne manquez par contre pas la sortie qui mène vers les prisons et le fameux Pont des Soupirs! (Et faites le lien pourquoi les gens qui empruntaient ce pont soupiraient…)
Lors de notre passage, les petits trottoirs surélevés que les autorités installent en cas d’une Aqua alta étaient empilés, pas très loin: la pluie peut faire grimper rapidement le niveau de la lagune. Pour être à l’aise à Venise, il faut marcher d’un bon pas, au risque de se faire bousculer par les locaux, qui, si vous êtes chanceux, vous marmonneront un « scuzi! », la parfaite traduction de notre « escuse! », qui en gros est un « tasse-toi ». Les girouettes et freineurs intempestifs se feront sermonner ou tamponner.
Emprunter le service de vaporetto est facile: il suffit d’avoir une carte, de pouvoir lire l’heure et les chiffres (numéros de bateaux/lignes) et c’est tout! C’est vraiment simplement comme un autobus… mais flottant. Les lignes sont toutes orientées pour desservir les quartiers touristiques, tant de l’intérieur vers l’extérieur que l’inverse. Il y a également une ligne qui dessert les iles de Murano et Burano mais le trajet est relativement long (nous avons dû éliminer cette sortie de notre liste).
Ne vous attendez pas à taper la conversation longue en anglais avec les Italiens: ils ont une connaissance rudimentaire de la langue et parfois, vous aurez plus de chance de vous faire servir en français! Si vous faites des efforts pour prononcer les choses avec un accent, n’imaginez pas qu’ils seront contents… ils sont comme les Français et vous reprendront à la moindre proximité avec l’accent espagnol, qui nous est beaucoup plus familier. Perfectionnez votre accent ou ne prenez pas de chance!
Les Italiens sont bien entendu très chauvins pour tous les produits du pays: vin, fromage, spécialités culinaires, vêtements, décoration, accessoires de cuisine… et café. Si vous voulez vexer un serveur, demandez-lui un café américain! Et regardez sa gestuelle derrière le comptoir. Attention aux éclaboussures lorsqu’il vous apportera votre tasse… Je n’en ai pas fait l’expérience (j’ai pris un espresso allongé) mais mes voisins oui! Dans les choses à déguster pendant votre journée: gelato, café, chocolat, meringues… y’a de tout pour les dents sucrées!
Concernant la sécurité: je ne m’y suis pas sentie plus en danger qu’à Londres ou Paris. Étant donné la basse saison touristique, j’imagine que les pick-pockets sont moins présents et je n’avais aucunement peur pour mon sac ni mon appareil photo. Il faut dire que j’étais habillée de couleurs sombres et que mon sac à bandoulière gris a un look très européen. Je n’avais pas l’allure d’un touriste-coloré-sac à dos-drapeau du Canada. J’ai sorti mon appareil photo et mon zoom sans crainte et j’étais très libre de faire toutes les photos que je voulais. Nous avons marché dans la ville quelques heures après la tombée de la nuit et tout était encore très animé, aucune ruelle sombre et louche en vue.
La dernière journée passée à Venise avant l’embarquement nous a permis de voir la ville avec un peu plus de couleurs puisqu’il a cessé de pleuvoir en matinée. Youpi! Alors qu’on s’en va… on a donc refait une tournée rapide pour magasiner, revoir certains petits coins et puis on a pris un vaporetto pour se rendre jusqu’à Piazzale Roma, notre objectif était ensuite d’emprunter le monorail jusqu’au terminal de croisière mais il était hors-service. Nous avons donc pris un autobus, puis effectué l’embarquement. Nous dirons officiellement aurevoir à Venise lors du départ, puisque la vue que nous aurons sur la ville sera… imprenable.
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