Clarifions la chose une bonne fois pour toutes.

Au fond de moi, bien sûr que j’en veux, des enfants.
Deux, trois, je ne sais pas. Pas cinq. Pas un.
Je voudrais bien transmettre ma génétique, puisque j’ai l’abominable prétention de me croire plutôt pas moche, et surtout pas dépourvue intellectuellement.

Problème: à moins de recourir aux miracles de la science (qui ne fait pas que de ça, bien au contraire), je risque fort de voir mes gamètes se gaspiller de mois en mois -puisqu’il n’existe qu’une seule preuve (et encore, un brin douteuse) de l’existence du Saint-Esprit. Laissez tomber vos railleries, j’entends d’ici vos histoires d’horloge biologique qui sonnent si faux à mon oreille. La mienne n’a jamais été remontée, d’horloge. Pas de trotteuse, pas de chiffres.

Encore cette saloperie de dualité.
L’éternelle lutte entre mon moi artistique, utopiste, perfectionniste, et mon moi réaliste, cartésien, légèrement fataliste, voire un brin défaitiste.

Défaitiste, parce que les preuves sont là, accablantes: la tendance n’est pas à la réussite familiale, mais bien individuelle: sacrifions ces êtres qui n’ont pas demandé à naître, au profit de notre succès nombriliste. Fataliste, puisque c’est pas faute d’avoir persévéré, mais il semblerait bien que tout ce que j’essaie pour une première fois est voué à l’échec… ce qui me force à (au choix) abandonner le projet, ou le retenter une seconde fois… qui voudrait que je joue avec sa vie comme ça ? Cartésienne, donc. Réaliste, aussi: si je ne peux pas leur donner le meilleur, autant ne pas les mettre au monde, ces amalgammes de cellules si sacrés… Perfectionniste, voilà. Utopiste: tout le monde mérite ce qu’il y a de mieux… en chacun de nous, nous avons une richesse qui ne demande qu’à être exploitée, chaque être humain aspire à donner le meilleur de lui-même. Salut, l’artiste.

Nous sommes pourtant si beaux dans notre imperfection…

Mais c’est aussi cette imperfection qui est à l’origine de toutes ces guerres, de tous ces conflits, de toutes ces tueries, de toutes ces horreurs humaines dont nous sommes pourtant capables, jour après jour.

Aucun enfant au monde ne mérite la violence, la famine, le mépris, le chantage, la manipulation, l’incompréhension.

A défaut d’en fabriquer, j’en adopterai.
Je leur donnerai ce qui est en mon pouvoir pour qu’ils donnent, à leur tour, leur meilleur.

Au suivant.

fleurbleue