… et de faire un peu d’acharnement médiatique.
Vous n’êtes plus sans savoir que je me tiens à l’affût de l’actualité de façon assidue, d’abord par intérêt, et ensuite par professionnalisme: on ne devient pas photojournaliste en se terrant dans son trou.
Ceux qui sont du Québec auront entendu parler de ce que je vais relater ici: Gilles Proulx, et tout le scandale entourant le “personnage” qu’il était en animant l’émission-à-polémique L’Avocat et le Diable diffusée sur le réseau TQS (Télévision Quatre-Saisons).
Petit contexte vite fait pour ceux qui ne connaissent pas TQS: c’est un canal qui se spécialise dans les émissions matinales insipides, la nouvelle de bas étage (n’ayons pas peur des mots), qui aime bien être rapace* à ses heures, qui donne parfois dans le scandale, et qui a pour ligne directrice une approche “humaine” de l’information, ce qui fait qu’il y a plus de place en ondes pour les “débats” sur l’actualité que pour les véritables bulletins d’information objectifs. Point positif: ils diffusent les Simpson. Désolée Monsieur Deltell. Fin du contexte.
Or, tout récemment, le déjà-réputé-pour-ses-propos-pas-toujours-classes Gilles Proulx a littéralement fait exploser les lignes ouvertes d’opinion après avoir prononcé des paroles plus que déplacées en ondes.
Résumé de l’histoire:
Au cours de l’émission «L’Avocat et le Diable» de vendredi, Gilles Proulx avait affirmé que la victime d’un jeune violeur était «une petite garce», «une petite vache», «une petite cochonne» et «une provocatrice». L’adolescente avait été violée et violentée par Frédéric Dompierre à Sainte-Catherine en novembre 2003.
(Source: Cyberpresse.)
M. Proulx commentait alors les propos de l’avocate Lynda Bureau, qui défend Frédéric Dompierre, un adolescent coupable d’avoir agressé sexuellement et tenté de tuer une jeune fille de 14 ans. L’avocate s’était elle-même attiré les foudres de l’opinion publique en début de semaine après avoir prétendu que la victime avait été l’artisane de son propre malheur dans cette affaire.
(Source: Nouvelles SRC.)
Vous devinez la suite: des auditeurs outrés ont porté plainte, tous les médias en ont parlé (presse écrite, radio, télé, internet, blogs), et enfin, TQS a suspendu Gilles Proulx pour une durée indéterminée. Tel qu’expliqué dans le texte de Cyberpresse, Proulx aurait décidé de claquer la porte de TQS avant qu’on ne lui indique la sortie.
Sage mouvement, Monsieur Proulx.
Maintenant que les faits sont exposés, rappelez-vous d’un certain Jeff Fillion, animateur controversé de CHOI-FM qui a donné sa démission en mars dernier suite aux pressions médiatiques qui pesaient sur lui, entourant le procès contre Sophie Chiasson.
Rappelez-vous de cette station, CHOI, qui devra fermer boutique bientôt, suite au refus du CRTC et de la Cour Suprême du Canada de renverser la décision prise en juillet 2004, décision voulant que le renouvellement de la licence de radiodiffusion de CHOI n’aurait pas lieu.
Rappelez-vous que le non-renouvellement de cette licence est justifié par les propos de Jeff Fillion et de son équipe matinale.
Ayé, vous voyez le portrait ? J’ai besoin d’ajouter que Jeff Fillion était à Québec, et que Gilles Proulx était à Montréal ? J’ai besoin de préciser que ces deux cas sont similaires ? J’ai besoin de souligner les points communs ?
– Les deux animateurs ont dépassé les bornes sur leurs ondes respectives
– Les deux animateurs ont fait leur mea culpa
– Les deux animateurs ont clâmé que les gens sortaient leurs citations du contexte original, cirations qui restent inadmissibles
– Les deux animateurs ont été suspendus, puis ont démissionné
(Vous en voulez plus ? Gilles Proulx tente de s’excuser à l’émission Tout Le Monde En Parle, visionnez l’extrait disponible sur le site de TLMEP.)
Tout est clair ?
Maintenant, expliquez-moi le concept de cette foutue province et de ce foutu pays à la con qui a deux poids, deux mesures. Expliquez-moi comment le CRTC fait pour rester à l’abri dans ses bureaux de chêne à Ottawa, expliquez-moi pourquoi aucune instance politique ne remet TQS en question, expliquez-moi pourquoi CHOI risque de fermer définitivement, expliquez-moi pourquoi le principe de “justice” ne me semble qu’une vague utopie dans un pays pourtant démocratique.
Messieurs-dames du CRTC, soyez conséquents ! Je ne demande pas la fermeture de TQS, non. Je demande seulement que CHOI puisse continuer à diffuser. Une fois débarassées des animateurs controversés, ces deux antennes (télé et radio) ne perdent rien de ce qu’elles peuvent offrir aux auditeurs, et tout-le-monde-il-est-content.
Oui, pour l’instant, moi, je suis contente, d’où la joie dans mon titre: Gilles Proulx est hors d’état de nuire (jusqu’à nouvel ordre). Tout comme plusieurs tenants du politically correct qui se sont permis de crier haut et fort l’an dernier que maintenant la société dormirait tranquille parce que le méchant Jeff était loin de son micro, c’est à mon tour de me réjouir du départ de Gilles Proulx, ça ne fait qu’une trop grande gueule inconsciente de moins dans les médias.
Parce que Planète Montréal ne fait pas exception. Parce que l’herbe est toujours plus verte mais les gens plus cons dans la cour du voisin: Montréal s’est fait une joie et même un devoir de taper sur cette vague banlieue qu’est Québec lors de la polémique CHOI/Fillion, et maintenant, c’est au tour de la Métropôle de se retrouver avec un cas pareil dans les pattes.
Une précision s’impose: je félicite la réaction de TQS, qui n’a pas tardé à signifier son appui aux auditeurs et à prendre les mesures nécessaires, ici la suspension de Gilles Proulx. C’est la nuance à apporter, car CHOI est restée solidaire avec son animateur, ce qui a contribué à alimenter la polémique. Cependant, le geste s’explique: quand on n’a plus rien à perdre, on met toute l’énergie possible pour tenter de sauver les meubles. Ici, TQS avait gros à perdre: son image publique. Fin de la précision.
Mais là, c’est moi qui rigole, car c’est chacun son tour: ceux qui ridiculisaient Québec sont maintenant forcés de loucher pour regarder leur propre nez…
Allez-y, sortez les griffes, les dents… Ca m’amuse, de voir des petits diables dans l’eau bénite.
* Leur slogan “TQS: Autour de la nouvelle” a déjà été déformé par mes soins: “TQS: Le Vautour de la nouvelle”. J’ai souvenir d’avoir vu doucement rigoler deux caméramen de Radio-Canada…
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