.. je vais hurler mon désespoir, et je reviens. [Update: quelques photos…]
Suis-je sotte, j’avais oublié que j’en étais déjà au stade du silence navré…
Avis à vous, lecteurs de toutes sortes: le post qui suit n’a rien de marrant, j’ai pas envie d’être entertainer cette fois-ci.
Par un petit e-mail très court, mon père m’a appris que le Domaine Van Bruyssel, dont il est le propriétaire, a été vandalisé dans les dernières semaines. Rien de très grave semble-t-il, quelques vitres cassées, mais sur la plupart des bâtiments du domaine; cependant aucune perte majeure n’est à déplorer selon le premier bilan.
Mais peu importe la gravité de la situation, ça me donne envie de hurler.
Ce domaine, j’y suis née, j’y ai grandi jusqu’à 10 ans, et c’est un endroit très important pour moi, c’est à peu près la seule racine qu’il me reste au Québec -je n’en ai pas d’autres ailleurs de toute façon.
J’ai passé la majeure partie de mon adolescence à déménager d’un endroit à l’autre, j’ai changé d’école à quelques reprises, et je me suis très vite éloignée du cocon familial: j’avais 12 ans quand j’ai cessé d’habiter à temps plein chez papa-maman, j’étais pensionnaire à l’école secondaire.
Après le secondaire, ce fut le cégep, puis l’université, puis l’Europe, puis re-l’université. Je ne compte plus mes déménagements, et le seul endroit où j’ai encore quelques jouets d’enfant et mes plus vieux souvenirs, c’est au domaine.
Vous comprenez où je veux en venir: pour moi, ce domaine, c’est plus que des maisons et un terrain, c’est plus que des arbres et une rivière, c’est plus qu’une possession matérielle dont j’hériterai un jour si ce n’est pas vendu d’ici là: c’est une partie de ma vie.
Je tiens à peu de choses, dans ma vie. Je peux passer pour une basse matérialiste parce que j’ai un ordinateur portable, un appareil photo numérique réflex, une voiture, des fringues pas moches, des meubles pas en carton, un vélo, des rollerblades, whatever… mais tout ça, c’est pas la mort si je les perds. Ca se rachète. C’est très chiant, oui, ça coûte des sous, oui, mais ça se rachète.
Des souvenirs, ça ne s’achète pas, des racines non plus. Je suis quelqu’un pour qui la stabilité a quelque chose d’utopique, chaque endroit que j’ai habité (autre que le domaine) avait une saveur éphémère, c’était “en attendant”. En attendant le prochain endroit, la prochaine étape, la prochaine ville, la prochaine année, le prochain coloc, le prochain boulot, la prochaine occasion…
La prochaine chose à faire, c’est tabasser les pauves cons qui se sont donné le droit de casser une partie de ma vie -aussi insignifiant que ça puisse paraître, ces foutues vitres, elles m’ont vue grandir.
L’imbécilité des gens me sidèrera toujours, c’est un fait, il y a longtemps que je le dis, dans toutes les langues que je connaisse, et avec tous les tons de voix que mes cordes vocales puissent me permettre. Ceci dit, une chose me scandalise encore plus: la capacité des abrutis à se faire justice à eux-mêmes.
Comment ont-ils pu juger que c’était “pas grave” ou “pas important” de péter quelques carreaux de verre sur une vieille maison ?
De quel droit ont-ils décidé que d’endommager la propriété d’autrui était un acte normal, non-répréhensible ?
Qu’est-ce qui a bien pu se passer dans leur petit cerveau télé-atrophié ?
La loi du Talion, je m’amuserais à l’appliquer, pour ces crétins. T’as pété une fenêtre du domaine ? Okay, je te pète une fenêtre de ton petit chalet au bord du lac. Tu pètes deux fenêtres ? Y’a pas de soucis, compte combien tu as de fenêtres sur ton chalet, pètes-en autant chez moi, et j’irai te faire pareil. Mais apprends à compter mon chéri, sur 3 maisons centenaires, il y a plus de fenêtres que sur ton machin en bois rond à un étage… il se pourrait que malencontreusement, je confonde ta voiture avec ta bicoque. Et planque bien ton bateau, ça prend vite l’eau, ces trucs… Quoi, c’est pas du jeu ?
Non, effectivement, c’est pas du jeu. Tu t’es attaqué à quelque chose qui ne t’appartenait pas. Tu as saccagé quelque chose qui n’avait aucun lien avec toi, et ce, gratuitement, avec pour simple but le plaisir de faire le mal.
As-tu une seule fois pensé à la valeur de ce que tu as souillé ?
Es-tu capable de réfléchir, avec ta noix fêlée ? Probablement pas. Mais j’imagine que c’est pas ta faute, t’as eu une mauvaise éducation. Alors c’est la faute de tes parents. Il faut bien un coupable, non ? Puisque tu ne veux pas l’être, présente-moi tes parents, ils ont sûrement oublié de t’inculquer une valeur importante: le respect. Bien sur, tu ne sais pas ce que c’est, ne fais pas cette tête ahurie, tu amplifies ton air bovin -tu as déjà des yeux de veau.
Tu veux que je t’explique ce que c’est ? Je vais tenter de prendre des mots simples. Le respect, c’est quand tu ne dis pas à ta tante qu’elle est grosse -même si c’est vrai-, parce que ça pourrait lui faire de la peine. Le respect, c’est quand tu t’arrêtes à un feu rouge, parce que c’est pas à ton tour de passer, c’est une loi, et tu paies des sous quand tu n’obéis pas. Le respect, c’est quand tu ne tires pas les cheveux de ta petite soeur, parce que ça lui fait mal, et qu’elle pourrait te faire pareil, et que tu ne veux pas avoir mal. Le respect, c’est quand tu évites de faire quelque chose d’inapproprié -de pas bien, pardon, c’était trop compliqué ce mot- qui pourrait nuire à quelqu’un d’autre.
Okay ? Ca va ? Capito ? Understood ? Compris ? Agagagou ?
Je te parle en enfant, parce que tu en es un. Assurément. Un homme -ou une femme- de 50 ans ne va pas aller péter des vitres comme ça, sans raisons. Tu es surement un jeune con, avec ou sans potes -mais sûrement avec, parce que c’est pas drôle si y’a personne pour te voir faire l’imbécile. T’étais peut-être bourré, sous l’emprise de drogues, ou pire, tout simplement ravagé du bulbe -un accident à ta naissance: tu es venu au monde, quelle horreur.
Mais rien, rien de tout ça n’excusera ou n’expliquera ce geste aussi gratuit qu’illogique. Rien ne me fera dire “ah bah oué, vu comme ça, t’as bien fait de péter mes carreaux”. Rien ne me convaincra que c’était normal que tu touches -et brises- ce qui ne t’appartient pas, rien ne me fera croire que tu ne savais pas ce que tu faisais, car si tu étais handicapé mental à ce point, tu ne serais pas en liberté, les gouvernements québécois et canadiens noient de subventions les pauvres enfants du Bon Dieu qui sont dans cette situation. Tu serais bien confortablement vautré devant la télé, alimentant ton handicap cérébral, vêtu d’une jolie chemise blanche. Tu n’aurais pas pété mes vitres.
Mais bien sûr, c’est moi qui suis méchante avec toi. Excuse-moi, je te demande pardon, c’est moi qui ne sais pas t’écouter, te comprendre, te consoler, t’encourager… mais attends, c’est pas le rôle d’un parent, ça ? On y revient, c’est la faute de tes géniteurs. Tu cherches de l’attention, tu es déprimé ? Ton papa te battait quand tu étais jeune ? Ta copine s’est poussée avec ton meilleur ami ? Tu veux un psy ?
Ben compte pas sur moi, petit con. Les crétins de ton genre, je les méprise, et je leur souhaite d’être stérile -ou de périr d’une façon tellement ridicule qu’elle sera mentionnée aux Darwin Awards.
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