C’est toujours à moi que les histoires pas possibles arrivent: autant je peux avoir un dieu qui veille sur moi pour m’éviter les grosses boulettes importantes de la vie (ou alors on appelle ça “vieillir”), autant j’ai aussi un autre dieu qui se prend pour un petit malin et qui s’organise pour que je me prenne par la gueule les pires conneries tellement capillotractées qu’on les croit impossibles même dans le pire navet catastropho-fin-du-mondesque hollywoodien.

Il y a disons 30 minutes 1h (j’ai eu un appel paternel entre temps), j’étais plus qu’affalée sur ma chaise de bureau d’ordi, bien déterminée à m’y visser le postérieur, façon “je me nique encore plus les vertèbres qu’elles ne le sont déjà”.

Soudain, on sonne à la porte.

(Comment j’ai le sens du dramatisme.)

Etant dans un état d’esprit plus que massacrifiant, je n’ai pas bougé mon derrière en voie d’être vissé, et j’ai laissé mon coloc prendre la peine de courir pour ouvrir la porte. Malheureusement, mes oreilles ont entendu qu’on me demandait. Bien préparée à mordre quiconque oserait m’approcher à moins d’un mètre, je me lève, revêtant ma sale tronche des plus grands jours.

Devant moi, une femme qui s’identifie comme ma voisine du haut. Ah bon, je prends note. C’est donc elle qui me pique mon emplacement de stationnement… mais mon cerveau s’égare. Cette gentille dame me raconte dans un soupir de soulagement qu’elle m’a enfin trouvée et que ça fait 2 heures qu’elle me cherche partout. Soit, mais en quel honneur ? Et la voilà qui me tend mon porte-feuille (MON PORTE-FEUILLE !!) tout ouvert avec les cartes et le contenu replacé à la va-comme-je-te-pousse-et-rentre-là-dedans-merde-!

– … Euh, vous l’avez trouvé où ?
– Ben, là, juste à côté de la voiture, près de l’escalier…
– Ah. Euh, merci beaucoup…

Je prends mon portefeuille, en m’expliquant déjà que j’ai dû l’échapper en effectuant un drag & drop de ma voiture à mon appart, dans le genre “voyage de feignasse”, j’ai pris tout plein de trucs d’un seul coup pour éviter d’avoir à revenir pour un deuxième voyage.

Mais c’est pas tout.

(Re-comment j’ai le sens du suspense.)

– Ah, euh, il faudrait que vous appeliez à vos cartes de crédit pour les désannuler…
– Pardon ?
– Ben, j’ai tout appelé Visa et MasterCard et Desjardins et le 911 pour dire que j’avais trouvé un porte-feuille avec plein de cartes dedans et qu’il fallait tout annuler…
– WTF ?! Euh, pardon ? Vous avez tout appelé ces gens avant de me chercher ?
– Ben oui, des fois qu’il serait tombé dans des mauvaises mains avant…
– … (trop estomaquée, là.) Euh, d’accord, merci, j’appellerai Visa et MC et Desjardins, et…
– Dites, on a cherché partout, c’est où, Saint-Mathieu-du-Parc ??
– Euh, en Mauricie…
– Ah, et pourquoi vous avez pas fait votre changement d’adresse ?
– Parce qu’ici c’est temporaire.
– Ah, ah bon.
– … (non mais elle fiche le camp, que je ferme la porte ??)
– Faut aussi appeler la police pour leur dire de pas venir pour rien, là, ils s’en viennent pour vous voir…
– Quoi ?!! (Merd’ merd’ merd’, moi et la police, ça fait jamais bon ménage, grmblmlmlml)
– Ben oui, pour vérifier que vous êtes bien vous…
– (??!!!?!?)… Euh, okay. Encore merci…

Aujourd’hui, ça tombe juste mal, j’ai le cerveau à OFF. J’étais trop abasourdie par toute son histoire (trop d’infos en même temps, CPU soon overheating), alors j’ai fermé la porte, ramassé mon porte-feuille avec tout son contenu -il ne manquait rien. Je prends le téléphone, je cherche le numéro de la police, et je vois une auto-patrouille tourner le coin de la rue… Okay, j’ai compris, je vais sortir. Pour la police, dossier clos, et j’ai félicité le jeune (et pas moche) agent d’avoir rédigé un rapport exempt de fautes de français. (Comme quoi y’a des exceptions.)(Patapé messieurs/dames les flics, ayez pitié.)

Bon, voilà pour les flics, un truc de réglé. Les cartes de crédit, maintenant… Visa, ils sont pas totalement cons dans leurs politiques, ce qui fait que j’ai pu faire “désannuler” ma carte, puisqu’ils ne l’avaient gelée que temporairement. Donc après avoir défilé mon pedigree au complet, mes ancêtres jusqu’au premier colon de Nouvelle-France et la taille de mes sous-vêtements, ça va, pas de soucis pour Visa.

C’est pour Master Card que le portrait change: carte complètement annulée, “vous recevrez une nouvelle carte dans 7 à 10 jours ouvrables”. Great. C’est la carte que j’utilise pour mettre de l’essence dans ma voiture, moi. Grumpf. Bon, qu’à cela ne tienne, ladite carte expirait le dernier jour du mois de septembre, du coup, je demande si ce sera déjà la nouvelle carte que je recevrai, histoire de faire d’une pierre deux coups. Eh ben non. Je recevrai _encore_ une nouvelle carte dans 3 à 4 semaines, qui remplacera la _nouvelle_ carte que je recevrai dans 7 à 10 jours. Bureaucratie, quand tu me tiens par les ouïes…

Bilan de cette soirée:

– 1 policier venu vérifier l’entièreté de ma personne et la complètitude de mon portefeuille
– 1 carte de crédit annulée, je dois donc me passer de crédit pendant 7 à 10 jours ouvrables. Joie et bonheur dans ma demeure, ça ne fait qu’améliorer le portrait.
– 1 coloc qui se fout de ma gueule et qui prend des photos à la con et qui les retravaille dans toshop pour se marrer encore plus
– 1 voisine à QI de moule (c’est une épidémie !) qui appelle la moitié de la province pour me trouver avant de penser à chercher dans son propre immeuble
– 1 Akelia exaspérée qui aimerait bien que le monde lui foute la paix pour les prochaines heures, histoire de ruminer pleinement sur le sombre sort de l’humanité égoïste de son propre nombril.

(Oui il a quand même réussi à me faire rire un peu…)