On n’écrit rien que l’on ne sache être lu un jour -par soi ou par les autres. Et de la même manière, on feint (?) la surprise lorsqu’un individu nous dit “j’ai lu”. “Lu quoi ? Ah, ça ?” Répond-t-on nonchalamment.
Le silence reste parlant lorsqu’il vient de quelque auteur auparavant prolifique. Toutes les conjectures sont lancées: bonnes nouvelles ? Mauvaises nouvelles ? Déménagement ? Déprime ? Grande joie ? Accident ? Désintérêt ? Fuite ?
Puis finalement, le tout tombe un peu dans l’oubli occupé du lecteur: l’immobilité semble s’être installée, le Mont Sainte-Hélène est de nouveau calme, on passe à autre chose.
Sans aller jusqu’à la métaphore de l’arbre qui renaît de ses cendres, on peut quand même dire qu’il subsitait une envie d’écrire, rapidement reléguée aux calendes grecques vu l’emploi du temps trop chargé. Tenir ce genre de journal, ce n’est pas une question de discipline: si on ne trouve pas l’énergie de prendre le temps d’écrire, c’est que l’idée n’a pas terminé son chemin des neurones au bout des doigts.
Ceci dit, l’idée n’a pas encore totalement pris forme, mais il y a des choses à dire, avec ou sans ordre.
Vous qui êtes pendus à ces mots, à mes mots, qui rêvez de tout savoir de la suite de mon sitcom personnel… Vos voeux sont exaucés, je reprends du clavier aujourd’hui. Peut-être pas pour longtemps, mais au moins, le temps de poser sur papier virtuel cette partie de ma vie qui mérite d’être écrite pour ne pas tomber dans l’oubli dans quelques années. Vaniteux, non ? Forcément, c’est mon journal, pas celui d’une pelle à tarte.
D’abord, côté Sébastien, c’est bel et bien mort. Mais maintenant, c’est une belle mort. Celle qui fait dire aux vivants “c’est un mec bien”, celle qui ressemble à une balade au cimetière un dimanche de printemps doux, celle qui reste dans la mémoire, mais ne blesse plus.
On a fini par se revoir, il y a je crois 3 semaines, pour une courte randonnée. Ca s’est bien passé, puisqu’on est tous les deux clairement passé à autre chose. Il joue au mutisme dans sa vie, voit très peu de gens, espère encore rencontrer une fille qui lui fasse oublier son ex, me raconte les mêmes choses qu’il y a 4 mois parce que sa vie est linéaire, me fait part de ses découvertes récentes en matière de musique ou de kayak -déception pour lui: je connaissais déjà. Bref, j’ai complètement rétrogradé à la case “amie” pour lui, et lui, c’est je crois plus loin qu’un ami pour moi: je ne l’appellerais pas pour demander conseil, je lui ai raconté les quelques faits de ma vie de façon désintéressée. Bizarrement, je n’avais pas envie de lui parler de moi, j’ai vraiment l’impression que tout est mort parce que maintenant, qu’il soit là ou pas ne fait aucune différence, la connexion mentale est coupée. Et c’est pas plus mal.
Il peut paraître aigri d’écrire de telles choses, mais comme je l’ai dit auparavant, c’est un beau dimanche de printemps: rien n’est pareil, mais c’est mieux comme ça, et je suis vraiment passée à autre chose.
L’autre chose, c’est le nouveau côté de ma vie, c’est un truc que je n’espérais pas, ni n’attendais.
En discutant avec des gens qui me connaissent bien, il semble que j’aie fait quelque chose de vraiment inhabituel pour moi (et je suis d’accord, mais toujours mal placée pour juger mes propres gestes).
D’office, aborder un inconnu, c’est quelque chose d’habituel pour moi. Mon boulot, mes cours, toutes les situations dans la vie impliquent une communication entre les gens, qu’ils se connaissent ou pas. Ensuite, laisser une adresse mail pour d’éventuelles communications entre geeks, ça n’a rien d’exceptionnel non plus pour moi. Là où ça se complexifie:
J’ai laissé mon adresse MSN à un geek qui bossait à la boutique où j’ai acheté mon laptop il y a plus d’un an. Cette même boutique dont le proprio voudrait bien poser ses mains sur moi.
But wait, it gets better.
Ce même geek m’a ajoutée à sa liste MSN, et le lendemain, on échangeait nos numéros de téléphone, et le soir-même, on allait au resto. Et le lendemain, au cinéma. Et ensuite au Star Café. Et déjà, c’était trop, mais pas assez. On était d’accord: tout allait trop vite, on était bien dans notre indépendance, il fallait prendre le temps de se connaître… On s’est montés un joli bateau, et on est tous les deux embarqués.
Mais ce fichu bateau, il vogue depuis le 25 septembre, et il tient bon la route–la mer, la flotte… Chacun pour soi on s’était dit “ah et puis tant pis, on verra bien”. Justement, on voit bien… que tout va bien. De l’inconnu qu’il était une semaine auparavant il est devenu l’homme que j’avais cessé de chercher et d’attendre, celui qui devait me prouver qu’ils n’étaient pas tous des salauds.
Il a bien réussi… A son grand bonheur, et au mien. Par contre, si je trouve Cupidon, je lui botte les fesses pour deux raisons: pourquoi avoir attendu si longtemps ?? Et pourquoi maintenant ?
Quoi qu’il en soit, tout se passe bien.
Je sais, vous voulez des détails.
Il s’appelle Benoit, il a 24 ans, as I said previously, he’s geek, grand, blond aux yeux verts, sourire sincère et accrocheur mais pas séducteur. Voilà pour le physique.
Pour reste, disons que c’est son caractère qui m’a attirée en premier: contrairement à beaucoup d’hommes que j’ai rencontrés dans les dernières années, celui-ci ne connaissait rien à ma vie sur le net, et n’est pas groupie de moi. Il sait se tenir debout, il s’affirme, il a assez de caractère pour me tenir tête, me répliquer, il a de l’humour, il est cultivé, curieux, attentionné, et ne cesse pas de me surprendre.
Forcément, après à peine un mois de relation, c’est normal qu’on ne sache pas tout de l’autre, donc les surprises sont présentes, tout comme la petite joie de début de relation. Le paragraphe précédent peut être écrit ou prononcé par n’importe quelle femme qui vient de rencontrer un homme qu’elle trouve merveilleux.
Mon côté réaliste fait que je garde les pieds près du sol, sans m’empêcher de voler un peu: pour l’instant, je suis bien. Mais je ne me dis pas “pour le temps que ça durera”, parce qu’on a tous les deux très envie de construire quelque chose de solide. Encore une fois ça peut passer pour des paroles de début de relation, on verra bien, chaque chose en son temps. Mais la volonté présente, et les petites certitudes qu’on garde au creux de notre coeur nous portent à croire qu’on n’a pas trouvé qu’un individu parmi tant d’autres.
Evidemment, tout ne peut pas être rose: il part pour 15 semaines en France, en janvier prochain. 15 semaines dans la vie d’un homme ou d’une femme, c’est peu de choses. 15 semaines dans le présent, c’est déjà plus de choses. Notre relation n’aura même pas sonné ses 4 mois lorsqu’il partira pour aussi longtemps. L’appréhension du départ est présente, même si tous les efforts sont mis pour profiter du moment présent.
Voilà, c’est ce qu’il y avait à dire pour l’instant. Je reste avec l’impression d’avoir trouvé celui qui sera assez fort pour m’endurer et me supporter, celui qui peut dire ce qu’il pense, celui qui pense comme moi pour les choses sur lesquelles une discorde n’est pas souhaitable, celui qui peut amener une autre vision des choses pour tout le reste, celui qui sait ce qu’il veut, et qui veut les mêmes choses que moi. Sans avoir envie d’aller jusqu’au mariage, notre vie commune est envisageable sur plusieurs années.
Et pour les jours/semaines/mois/années à venir, pour une fois, je suis positive. Délibérément et indécrottablement positive.
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