J’ai rarement été pas motivée à faire quelque chose à ce point. J’ai rarement eu envie à ce point de me trouver une maladie incurable, un parent lointain décédé, une convocation en cour, de la visite à m’occuper, une danse à apprendre, bref, n’importe quoi qui me donnera l’occasion de reculer l’échéance fatale de demain. Et , j’ai pas envie de dire Grmbl et tout le reste. J’ai envie de pleurer. Comme une gamine de 6 ans qui s’accroche au cadre de porte pendant que ses parents la tirent vers le bus scolaire. La scène classique. En plus, il pleut toujours. Sauf que j’ai 21 ans, je m’accroche à mes rêves, et rien ne me tire vers le bus de la ville, j’y vais à reculons. Et il pleuvra, comme il a plu l’an dernier, comme il a plu à chaque année. J’ai pas souvenir d’une rentrée ensoleillée.
Au primaire, j’allais à l’école à pied, mais ma mère est venue me conduire à chaque rentrée, et je me souviens du gros parapluie à carreaux qu’on avait, alors preuve qu’il pleuvait. Au secondaire, je ne voyais pas le soleil, je faisais juste le chemin -ma chambre – la cafétéria – la classe – ma chambre, mais je me souviens des filles qui entraient dans l’école avec leurs impers, en secouant leurs parapluies. Au cégep, je me souviens d’avoir fait la route sous la pluie, d’avoir cherché un stationnement le plus proche du porche possible, et d’avoir couru jusqu’à l’intérieur en évitant les flaques d’eau. L’an dernier, première année d’université, je me souviens d’avoir fait le chemin en vélo, avec mon imper et mon pantalon de nylon, d’être arrivée détrempée, et d’avoir chopé un rhume. Cette année, je serai en bus, il pleuvra, je passerai par les corridors souterrains.

Les corridors souterrainsBrrrrrÇA, c’est le Viet-Nam. Des kilomètres de béton prolifèrent les graffitis à une fréquence abominable –mauvaise herbe ou champignons ? les 2– sans aération, avec des points de repères inexistants –sinon lesdits graffitis–, une odeur infecte, une température qui hésite en permanence entre le point de congélation ou d’ébullition –sans trouver de juste milieu–, des fuites qui suintent sur les murs, des néons éteints une fois sur 2 ou tout simplement cassés–, bref, tout le matériel nécessaire pour flanquer la trouille à quelqu’un qui s’aventure là-dedans seul, à une heure tardive. Joie. I love my life. J’aimerais tellement être ailleurs pour la rentrée. Je la sens vraiment trop mal celle-là.