Par ses questions, quelqu’un m’intrigue. D’ailleurs, paraît-il que c’est réciproque: je suis pour lui quelqu’un de secrète, mystérieuse, qui ne parle que très peu d’elle-même… Certes. Apparemment il n’a pas été berné par la nature anecdotique de mes propos.
Il m’intrigue, parce qu’il s’intéresse “intellectuellement” à moi… J’ai toujours considéré “bizarre” qu’on puisse s’intéresser à moi de cette façon. Je sais pourtant au fond de moi que je vaux la peine de bien des choses, mais j’ai tellement cherché à intéresser les gens et à obtenir une forme de reconnaissance pour ce que je suis, que maintenant, quand j’obtiens ce genre d’intérêt, je suis inévitablement étonnée.
Je sais que habituellement, les gens “qui en valent la peine” s’assemblent, s’attirent. C’est facilement vérifiable avec mes amis: les gens qui viennent et repartent de ma vie ne valaient “pas tant que ça” la peine, pas pour moi. Valoir la peine… de quoi ? Pourquoi “peine” ?
Mon meilleur ami vaut la peine que j’ai pour lui… Paradoxal de souffrir. Mais la beauté de cette souffrance est dans le fait qu’elle est agréable… Alors n’est-ce pas vraiment une réelle souffrance ?
Je suis décousue, j’aurais trop de choses à dire, tout se bouscule dans ma tête.
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J’ai eu le plus merveilleux des cadeaux de Noël, cette année: j’ai eu mon meilleur ami. Je n’ai rien demandé, à qui que ce soit. Sauf à lui. J’ai osé lui envoyer un e-mail, très simple, qui était une réponse à ses souhaits de bon anniversaire:
“Merci pour ta carte.
Maintenant, je sais ce que je veux pour Noël.
Toi.
Bisous.”
Wish granted.
J’ai eu ce que je voulais. 18 heures avec lui. Ca a commencé par une petite sortie pour jouer au billard et écouter de la bonne musique, en sirotant un truc houblonné. Puis, retour chez lui: tranquilles, son ex copine est partie pour le weekend. Re-boisson alcoolisée, petit blabla, mais grosse présence: comme toujours, pas besoin de beaucoup se parler pour se comprendre.
Petit coup d’oeil à l’heure: il est déjà 4h00 du mat. “Tu ne rentreras pas chez toi ce soir, j’espère ?” Assurément pas, demandé comme ça…
Que du bonheur.
Très peu de sommeil, mais que du bonheur. Difficile d’exprimer avec des mots ce qu’on a vécu, puisque nous-même, on n’en utilisait que très peu. Disons qu’on a savouré chaque instant, chaque goutte, jusqu’au bout. Enlevez tout de suite vos idées de nuit torride, vous serez déçus de lire que notre nuit se résume à “se serrer si fort dans nos bras qu’on a l’impression de ne devenir qu’un”. J’ai revécu la proximité que j’avais avec lui il y a 6 ans… Rien n’est changé. Rien de rien, tout est intact. C’est merveilleux de le constater…
Son regard me fait toujours fondre, son sourire aussi, sa peau est toujours aussi douce, ses gestes rassurants et sa présence est une vraie drogue. Rien n’a changé, même si cette intimité était oubliée depuis 6 ans. “J’avais oublié” a été répété d’innombrables fois… On avait oublié bien des choses, que l’on a redécouvertes… Le plaisir d’avoir l’autre, pour nous, égoïstement.
Malgré tout ce bien-être, je n’ai pas pu empêcher mon cerveau de tourner à un régime fou: combien de temps cela durera ? Qu’est-ce que ça signifie ? Quel est le fond de sa pensée ? Pourquoi fait-il tout ça ? Pourquoi moi ? Pourquoi lui ? Pourquoi nous ?
Pendant que mon cerveau roulait à tombeau ouvert, le sien était enfin calme: il m’a dit que depuis longtemps il n’avait pas eu la tête aussi reposée… Encore une fois, impossible de décrire le sentiment que cette phrase a provoqué en moi. Fierté, soulagement, bonheur intense.
Des aveux: “tu m’as manqué”, “j’ai besoin de toi”, “tu es si importante pour moi”…
Je me souviens de Romain S., qui me reprochait d’être froide, distante et indépendante, de trop rarement baisser le masque, de ne pas assez montrer qu’il comptait pour moi. Je me suis vue, dans les bras de Sébastien, mise à nu, sans un seul masque, il lisait dans mon regard, il comprenait tout: il est tout pour moi, j’ai besoin de lui. Romain ne savait-il pas lire dans mes yeux ? Ces choses ne devraient pas avoir besoin d’être prononcées.
Si j’avais pu passer toute cette nuit éveillée, je l’aurais fait, mais la fatigue m’a contraite au sommeil. Sommeil dans ses bras, je suis preneuse, pour la vie.
Plusieurs indices me servent à voir et comprendre ce que je _veux_ voir et comprendre: la façon qu’il a de me regarder, de me parler, de me toucher, ces petites paroles glissées ici et là, l’attitude en général… Il n’est plus le même avec moi, depuis qu’il a laissé Audrey. Je voudrais tant y voir quelques signes d’avenir prometteur…
Et même si ce n’était que 18 heures sans suite, rien n’est à regretter, tout est à revivre, et même si c’est impossible, au moins, je l’aurai vécu. Je ne le remercierai jamais assez, je crois.
Emmenez-moi…
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