J’étais franchement (complètement) contente de voir les premiers flocons virevolter doucement dans les airs à la mi-novembre, ça sentait l’hiver, les marrons chauds au feu, les couettes confortables, les journées de ski, les jolies photos, les balades le soir sous les gros flocons qui tombent tranquillement…

J’ai rigolé doucement en voyant les pignoufs conduire en crabe quand on a eu la première vraie bordée de neige à la fin du mois de novembre: c’était joli, c’est pas resté longtemps, c’était juste assez pour rappeler aux retardataires qu’il faut s’adapter à l’hiver, parce que le contraire est impossible.

J’ai rien dit pour les 10cm qui sont tombés le 1er décembre: c’était une jolie façon de marquer le “début” de l’hiver, et puis un mois de décembre (et surtout Noël et mon anniversaire) sans neige, c’est pas chouette.

J’ai fermé ma gueule pour les 15cm qu’on s’est pris en pleine poire en début de semaine: faut bien qu’elle tombe, cette neige, si les stations de ski peuvent bien ouvrir un jour, que j’aille me dérouiller les rotules !

Mais là, aujourd’hui, là, ça va plus.

Que je doive dégager l’allée qui mène à ma voiture, ça va, je suis pas feignasse à ce point-là.

Que j’aie à déblayer ma voiture avec mon chtit balai, ça passe, c’est normal, j’aime pas rouler dans un igloo.

Que je doive démarrer ma voiture 5 minutes avant de partir pour permettre à mon petit moteur Mitsubishi de se réchauffer tranquillement, ça va, je fais gaffe à ma tuture, je l’aime, je veux la garder longtemps, tout ça.

Que j’aie besoin de gratouiller les vitres pour m’assurer une bonne visibilité de mon environnement extérieur une fois installée dans la voiture, ça aussi, c’est normal.

Mais quand je dois pelleter pendant 20 minutes les 30cm de neige qui recouvrent les 8 marches de l’allée pour me rendre à ma voiture, là, ça passe déjà moins.

Et quand je suis au stade des fouilles archéologiques pour retrouver ma voiture sous 1m de neige tapée par le vent, là, non, ça ne passe plus.

Et quand en plus je me farcis les commentaires d’un abruti de voisin qui me lance un “belle journée, eh ??!” à travers ses 11 dents, là, c’est des envies d’abruticides à coups de pelle que j’ai. Envies qui tournent presque à l’exécution quand le même imbécile rajoute (après avoir vu le boulot de dégagement de ma voiture) “tu veux-tu que j’te l’sorte de d’là ??”*… NON MAIS TU SAIS A QUI TU PARLES ??! Tu parles à Akelia, qui a grandi dans la nature sauvage québécoise, qui a été élevée par des loups, qui a appris à la spartiate, bref, JE SAIS CONDUIRE EN HIVER MEME SI JE SUIS UNE FILLE !!!

Pour la suite, j’aurais pu conduire sans lunettes, j’aurais pas eu une visibilté plus nulle. (Et la bonne nouvelle, c’est que quelques heures après, je devais à nouveau déneiger l’allée de 8 marches pour me rendre à ma voiture pour la déplacer, le mec avec son tracteur-souffleuse venait s’occuper de l’entrée. Vivement que je déménage.)

En ordre: Ma voiture, encore coincée dans la neige, après pourtant 10 minutes de fouilles intensives (on peut déjà reconnaître la forme, au début c’était impossible).
Ma tête, après avoir terminé la pratique du pelletage frénétique (prochain sport en démo aux JO d’hiver, je prédis un Québécois champion).
La visibilité en pleine rue.
La vue que j’ai de ma future-ex fenêtre: quelques semaines à peine après qu’on aie coupé les plantes qui me bloquaient la lumière, voilà que la neige s’en mêle. Vivement que je déménage -bis.

*En québécois dans le texte. Trad: “Voulez-vous, gente damoiselle, que je m’acquitte pour vous de la tâche ingrate de dépêtrer votre moyen de locomotion de cet endroit fort peu accueillant ?” (NDLR)