En étudiante normale que je suis, j’accumule les retards et je suis une procrastineuse (procrastinatrice ?) professionnelle. Et ces temps-ci, c’est pire qu’avant. Ma paresse légendaire a rejoint tous les pans de ma vie et s’accumule partout autour de moi, dans mes vêtements, ma vaisselle, la poussière, bref, je ne fous plus rien. Limite, je suis presque au même niveau que mon coloc pour le ménage, c’est vous dire à quel point je peux ne RIEN faire. Et ce soir, en rentrant de l’université, je crois que cette paresse a atteint son apogée.

À peine rentrée, j’ai sauté dans mon pyjama, enfin, je l’ai enfilé le plus rapidement possible, tout en prenant bien soin de ne pas dépenser plus d’énergie qu’il ne le faudrait. Il était 19h et quelques poussières.

À 19h30, les ennuis commencent: j’ai faim. Je m’extirpe de mon confort geekesque (PC et musique), et je prends la direction de la cuisine. Toute la journée, je me suis dit “tiens, je vais me faire des pâtes pour souper, c’est trop fastoche, faire bouillir de l’eau, tout ça”. Mais en entrant dans la cuisine, l’envie de me faire des pâtes a foutu le camp aussi rapidement que Ben Laden de chez lui y’a plus d’un an. Toute cette vaisselle que je devrais salir puis laver, ça me saoule… Bon, tant pis pour les pâtes. Qu’est-ce que j’ai dans les surgelés ? Ah c’est vrai j’ai rien, oublié de passer à l’épicerie en rentrant tout à l’heure… bon, je pourrais y aller, tiens, ça me ferait ça de moins à faire demain. Raaaah… Je vérifie une deuxième fois: j’ai vraiment rien ? Mon congélateur me répond en me pointant le bac à glaçons. Non merci, je me suis assez gelé le… les mains en rentrant tout à l’heure, c’est vrai, même avec mes mitaines, j’avais les mains toutes engourdies. Bon, “opération Surgelés” à oublier définitivement… grmbl.

Retour à l’étage inférieur du frigo: pain ? Ouais, un sandwich, pourquoi pas… Zut, plus de pain, le coloc est tombé dedans samedi et bien évidemment, il n’en a pas racheté. Bon, à l’eau pour le sandwich. Dernier recours: le garde-manger. Cookies ? Hum initialement je cherchais un repas complet… Ha tiens un sachet de soupe en poudre. Saveur ? Boeuf-à-la-je-sais-pas-quoi-qui-ne-me-donne-pas-du-tout-envie-de-me-farcir-le-mélange-chimique. Okay, on oublie. Quoi d’autre ? Fruits en conserve. Oué, bon, déjà plus complet que les cookies, enfin, plus “santé”. Bon, je garde les fruits en “standby” et je continue à fouiller. Que des ingrédients… Rien de déjà tout fait, que je pourrais bouffer comme ça, right from the box, avec une fourchette, mes mains, une pelle, peu importe, un truc que j’aurais presque rien à faire pour le manger… Dans le genre “from the box to your stomach, you don’t even need to chew and swallow”… Et puis tout d’un coup, j’ai plus envie de manger les fruits en conserve… Mais merde, j’ai faim, je peux pas me permettre de sauter ce repas ! En soupirant, je retourne à ma chambre, avec quand même une bouteille d’eau, pour passer un peu l’appétit en attendant de trouver une solution de rechange. Qui sait, le frigo va peut-être se remplir magiquement dès que je serai retournée m’asseoir devant mon PC…

Et là, la gaffe: je m’asseois, je cherche encore une idée, et mes yeux tombent sur une pub de BK. Ma feignasserie me tuera, j’aurais du jeter cette pub dès la réception dans ma boite aux lettres, mais je l’ai conservée, enfin, pas jetée, donc, pub sur mon bureau + mes yeux qui voient la pub = mon cerveau qui se met en marche et dialogue avec lui-même:

– mmmmh ça serait bon hein ? en plus t’aurais pas de vaisselle à faire, rien à cuisiner…
– … oué, mais d’un autre côté, BK ne fait pas la livraison, du coup, faudrait que je retourne me geler le… les pieds pour aller en chercher…
– quand même, c’est de l’autre côté de la rue, 5 minutes à pied, et puis voilà…
– ouais, bon, je sais, mais quand même, je devrais garder mon argent pour autre chose…
– et c’est 5$ qui vont te faire avoir des remords ??! allons, tu sais autant que moi que c’est pas ça qui t’empêchera de dormir…
– … justement, c’est trop mauvais pour la ligne, cette bouffe, et j’ai envie de bien dormir…
– et tu penses franchement qu’une bouffe chez BK va t’enlever le sommeil ?? je connais de meilleures raisons que le BK pour ne pas dormir, moi…
– oui, bon, ça va, hein, je sais que je me suis couchée à 6h00 du mat ce matin, pas besoin de me le dire…
– enfin, c’est toi la pire, moi, ce que j’en dis, c’est que cette pub a influencé ton cerveau mou–
– QUOI il est mou mon cerveau !?!?!
– tu peux pas dire le contraire…
– non mais j’vais t’en faire moi des histoires de cerveau mou, tu vas voir c’que j’vais voir !!

Et donc voilà Akelia en pyjama, qui enfile un pantalon de nylon par-dessus les Winnie The Pooh, et qui met son manteau d’hiver, puis les bottes, le chapeau et les mitaines, et qui sort affronter la température déchaînée pour aller se chercher du BK.

Conclusions de cette histoire:
– J’ai un cerveau mou facilement influençable par une pub de bouffe quand j’ai faim.
– Je suis trop attirée par la facilité.
– Je ne mets pas mon énergie dans les bonnes choses.
– Je ne sais pas établir de priorités.
– J’adore perdre mon temps à écrire des inepties.
– Je me trouve drôle.
– Drôle, mais pathétique.
– J’ai écrit ce post en bouffant mon BK.
– J’ai réussi à ne pas cochonner mon clavier.
– J’ai écrit la moitié de ce post d’une main, en mangeant mes frites de l’autre main.
– Je suis complètement dingue.
– Mais le plus décourageant: quelqu’un m’aime pour ce que je suis: moi.

C’est donc le visage mi-souriant, mi-grimaçant, que j’update ce fichier. Parce que je suis un paradoxe ambulant. Parce que malgré tout, je m’aime. Parce que malgré tout, je suis fière de tout ce que j’ai pu accomplir dans ma vie. Parce que quand je me retourne, je vois ce que j’ai fait, et je prends plaisir à me retourner souvent. Parce que mon reflet dans la glace ne me rebute plus. Parce que je suis vivante, et heureuse de l’être.

cheesemiam