Même si j’ai l’impression d’être heureuse -quelques doutes subsistent, j’ai quand même cette sensation d’étouffement qui me donne l’impression que mon coeur et mes poumons se rétractent, et mes bras, sans bouger, serrent du vide. Ca devient maladif…

Vivre ici, ou ailleurs, je ne me pose pas franchement la question.
Je dois faire un blocage mental, en fait.
Je n’ai pas envie de faire d’efforts: le Québec, c’est bon, ça va, j’ai vu. Veni, vidi, vici, comme dirait l’autre.

Je ne veux pas partir en claquant la porte. Je vais bien la refermer, mais pas la claquer. Je laisserai trop de belles choses derrière. Mais il y a tellement, de l’autre côté…

En quittant la France, quelque chose s’est éteint, progressivement. Dans le métro, le TGV, l’avion. J’ai eu l’impression de mourir un peu. Je me suis laissée choir partout où je pouvais, je ne savais rien faire d’autre que pleurer.

Et maintenant, c’est pas franchement mieux. Je passe mes journées à me morfondre en me disant que si j’avais un travail, les jours passeraient peut-être plus vite, mais je n’ai pas envie d’un travail normal.

Tout ça va vraiment finir par me rendre malade.
L’état d’asphyxie est presque insoutenable, les seuls analgésiques que je connaisse sont trop loins, occupés à travailler, occupés à leur vie sociale, ou illégaux.mortbleu