Sans entrer dans les détails du pourquoi, je vais parler d’un truc qui m’a franchement fait mourir de rire en février dernier (tellement que je me demande même pourquoi je n’en ai pas parlé ici).
Ma maman est prof au niveau primaire (instit’, comme on dit là-bas loin-loin), elle enseigne l’anglais. Jusque là, rien de drôle (enfin, si, juste le fait de l’imaginer chanter des chansons ridicules avec des gamins de 9 ans moi ça m’éclate). La chose drôle est la suivante: étant prof, elle reçoit des cadeaux de ses élèves lors des occasions spéciales: Noël, son anniv, etc etc etc.
Allez, faites un petit effort, dépoussiérez quelques souvenirs qui traînent çà et là dans votre cerveau, entre les récrés douloureuses parce que vous serviez de ballon et les flaques d’eau sur le chemin de l’école, et rappelez-vous: vous étiez gamins, et vous offriez des cadeaux à vos profs, cadeaux confectionnés par vos petites mimines, pendant les “cours” “d’art”, avec ciseaux à bouts ronds, papier cartonné multicolore, bouteille de vin vide, petits brillants, nouilles, peinture aérosol, cure-pipes, styro-mousse d’emballage à oeufs, papier de soie, le tout assemblé à grand renforts de colle, des litres et des litres pour que tout tienne.
Bref, vos trucs, ça ne ressemblait à rien, surtout pas à ce que vous vouliez que ça ressemble dans votre tête, mais vous en étiez fiers quand même: plus ça brillait, plus ça avait été long à faire, plus y’avait des détails, mieux c’était. Par contre, une fois le cours terminé, il fallait débarasser le local de toutes ces choses, mais, problème: il était hors de question de l’amener aux parents qui en ont déjà eu suffisamment l’année précédente. Que faire alors ? La solution était toute simple… L’offrir à un des profs, sans raisons apparentes, mais c’était facile d’en trouver une.
Du coup, là, c’est le prof qui s’y colle, et dans tous les sens du terme, parce que y’a pas à dire, votre bidule, c’est du solide.
Voilà, vous avez bien fait le lien, ma maman a reçu un de ces trucs bizarroïdes en février dernier. L’anniversaire de ma mère est en janvier, et une gamine l’a su, par je ne sais trop quelle enquête. Un matin, ma mère entre dans la classe, et trouve tout le monde aligné, bien sagement, à leurs pupitres. Elle suspecte tout de suite un mauvais coup, mais non, sa frousse est injustifiée: la petite Emilie, 10 ans, se lève de son pupitre, et tient quelque chose caché derrière son dos. Pendant un instant, re-frousse: c’est un truc qui va exploser ? C’est un animal ? Mais c’est quoi bordel ?!?
La petite s’avance, arrive devant ma maman, et tend les bras: “api beurdé miss Danielle !”
Ma mère, très touchée (mais morte de rire à l’intérieur), prend le paquet: “thank you very much, Emily, it’s really nice of you… what is it ?” Et là, silence. “Just open !” Ma mère s’exécute. Et là, c’est la caca, c’est la cata, la catastrophe. Elle voit cette… chose, mais son statut de prof l’empêche d’éclater de rire, vite, elle doit trouver une parade. “OOoooh, it’s… it’s… hem… it’s beautiful !” Il n’en fallait pas plus pour que la petite soit toute fière d’elle et retourne à sa place. Ma mère dépose le machin sur le coin du bureau, en ajoutant que ça ferait une décoration bien sympathique dans ce local austère qui manque de couleurs (les murs sont jaune et bleu, le tableau vert, le devant des pupitres orange, les chaises rouges, ça m’a un peu arraché les yeux quand j’y suis allée pour le ménage). Et son cours commence, la journée se poursuit, et ma mère rentre à la maison, avec son sac, et le bidule toujours pas identifié.
Elle dépose le cadeau sur la table, et nous regarde, son copain et moi, avec un air tiers-fier, tiers-rigolard, et tiers-défiant: “vous voyez cette chose ? On me l’a offerte ce matin pour mon anniversaire !”
Et c’est à notre tour d’éclater de rire. Alors là, les conjectures vont bon train, on essaie de deviner ce que c’est, à quoi ça sert, et comment c’est fait.
Faut dire, c’était pas évident, ça ressemblait à… rien. Enfin, si, à une sorte de lampe de chevet, y’avait un pied, et un truc qui ressemblait à un abat-jour. Mais pas de place pour l’ampoule, pas de mécanisme pour allumer, pas de fil, rien. Et ce qui faisait abat-jour, c’était (tenez-vous bien) des Prions en Eglise avec les pages pliées en 2 sur la diagonale, le tout tellement collé qu’on a dû s’y mettre à deux pour voir ce que c’était le papier (après avoir arraché les guirlandes, les pommes en plastique et les frisous).
Alors voilà, je parie que vous avez toujours voulu savoir ce qu’il advenait de vos cadeaux. Ben maintenant vous savez. Ils sont disséqués sous le regard hilare des membres de la famille de vos profs. Ca a au moins eu le mérite de les faire rigoler…
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