Cette expression est très courante dans nos vertes contrées québécoises. Elle perd par contre tout son sens lorsqu’elle est employée dans une verte contrée française, en banlieue de Lyon, par exemple. Mise en contexte: Une douce chaleur règne dehors (20°C, disons), il fait bon se ballader au soleil, cueillir des fleurs, faire de la macrophoto, écouter le joyeux gazouilli des multitudes d’espèces de volatiles peuplant cette partie du globe, ratisser le terrain avec un vrai râteau, regarder le chien de la maison qui gambade autour de vous, bref, cette scène est presque trop parfaite. Comme on dit, “It’s quiet. TOO quiet.” Soudain, un détail attire votre attention. Ca commence par un petit bruit subtil, qui vient et repart aussitôt. Si ça se trouve, vous ne l’avez même pas remarqué du premier coup. Mais ce bruit revient, se fait plus insistant, jusqu’à détourner votre attention de la besogne que vous accomplissiez avec tant de joie et d’entrain. Puis, vous réalisez que ce bruit a en fait une forme, et un nom. Il manquait un volatile à la liste que vous aviez dressée mentalement tout à l’heure: merle d’amérique, martin pêcheur, pinson, jaseur des cèdres, colibri à gorge rubis… et moustique piqueur. Mais pas n’importe lequel: la mouche noire. Les pires fléaux ont toujours des noms simples, retenez bien cela. La mouche noire, qu’il convient presque d’appeler Black Flea, parce que ça sonne encore plus méchant, fait partie de la jolie peuplade de moustiques qui envahissent les régions pas-si-sauvages-que-ça du Québec à partir d’une date précise. Par exemple, les Black Fleas sont arrivées vendredi dernier. Elles seront bientôt suivies des maringouins (appelés “Cousins” par certaines personnes si je ne m’abuse), puis des taons, et des brûlots. Chaque moustique a sa tranche horaire et sa tactique particulière: les Black Fleas sévissent en plein coeur de la journée, en escadron serré, quand le soleil tape fort et qu’on voudrait bien avoir la paix et se laisser tomber dans un coin tranquille pour bronzer un brin. Plusieurs escadrons peuvent passer à l’attaque en même temps, le but étant d’étourdir la victime et de profiter d’un instant de faiblesse pour porter le coup fatal: qui les oreilles, qui le front, qui le nez, qui la nuque, maintenant, c’est chacun pour soi. Elles partageront leur case horaire, le temps venu, avec les taons. Les taons ont une tactique assez comparable, bien qu’elle soit exécutée de façon un peu différente: ils agissent par cellules de 2 ou 3 individus. Etant plus gros et plus armés que les Black Fleas, ils ont besoin d’un moins grand déploiement des troupes pour parvenir à leurs fins. Leur but étant encore une fois d’étourdir la victime, ils procèdent en raid: vrombissements autour de la victime, et souvent, 2 taons font office de diversion pendant qu’un 3ème passe à la cabine de tir. Plus tard dans la journée viennent les maringouins. Plus sournois, ils procèdent en douceur. Le bruit qu’ils produisent en volant peut trahir leur présence, mais il faut un environnement silencieux, sinon c’est cuit: la victime n’a aucune connaissance de l’arrivée de l’agresseur, jusqu’à ce qu’il commence à perpétrer son crime. En soirée, les brûlots complètent le portrait. Ils sont si minuscules qu’il faut un type de moustiquaire précis pour les empêcher de s’infiltrer partout. Encore plus subtils que les maringouins, on ne se rend compte de leur méfait qu’une fois celui-ci complété: ils quittent les lieux du crime en nous laissant une vive sensation de brûlure à l’endroit où ils ont martyrisé notre délicat épiderme. Bon rassurez-vous, y’a pas (encore) de virus du Nil, de mouche Tsé-Tsé, et y’a des moyens de combattre. D’abord, se protéger soi-même: il faut une bonne huile anti-moustique. Communément appelé “stuff à mouches”, ce produit existe en crème, en huile, en vaporisateur, en gélules, en bidon de 4 litres, en… euh bon j’exagère un peu. Puis, il faut protéger l’environnement immédiat: entrent en jeu les chandelles odorantes à la citronnelle, les chandelles qui attirent les moustiques et les font cramer, les lampes au même effet, les spirales qui ont une odeur d’enfer en brûlant mais qui ont le mérite d’éloigner les moustiques, les machins collants qui attirent les mouches et les gardent coincés dans la glu, puis finalement, les moustiquaires. Et c’est là que je vous vois, européens que vous êtes à me lire, en train de faire une tête qui se fout (à peine) de la mienne. Vous qui pouvez ouvrir volets et fenêtres à tout va, sachez qu’ici, c’est pratiquement impossible: quand vient la température qui nous le permettrait, c’est qu’il y a aussi les mouches, du coup, obligation de fermer les ouvertures, ou de les transformer en forteresses imprenables… D’où le lien avec le titre de mon post: dès qu’on ouvre une porte, il faut vite la refermer derrière soi, pour éviter toute intrusion entomonesque. (Du grec entomon, insecte. Cultivez-vous.)(Et bravo à ceux qui ont fait le lien avec l’entomologie.) Voilà, c’était le quart d’heure scientifique présenté par Akelia, qui a passé une heure merdique à ratisser le putain de terrain tout en se faisant bouffer tout rond par les moustiques parce qu’elle ne voulait pas s’enduire d’huile à moustique qui pue et qui colle parce qu’il n’y en a plus à la citronnelle et que l’autre est trop chimique pour sa petite peau de pêche. Et là, Akelia s’en va au milieu du lac pour bronzer, là où il y a du vent, donc pas de mouches.
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