“Tout est finalement bien qui finit pas trop mal”.
Première soirée que je prends le temps de m’asseoir pour siroter un truc houblonné. Ca se fête.
Où j’étais depuis plus d’une semaine ? Pas très loin de DTC, j’ai eu une semaine de merde.
Ca a commencé par un appel insistant sur mon téléphone, jeudi dernier (le 23). Genre “j’appelle une fois, je ne laisse pas de message, comme ça tu as juste le temps de voir mon numéro et de chercher à l’identifier, puis j’appelle une seconde fois, et là je te laisse un message, qui te signale impérativement de me rappeler, mais c’est clair que t’es pas rapide, alors je rappelle une troisième fois, et je remplis ta boite vocale, rappelle-moi bordel, c’est clair ?”
Connaissant (de nom) l’auteur du spam boitevocalesque, je rappelle.
Cet auteur, c’est un gentil québécois moyen, mais gros, les moyens, parce que sa femme roule quand même en Jaguar. Accessoirement, c’est aussi le père de la coloc invisible avec qui j’ai “signé” une entente. Mon charmant interlocuteur m’informe du fait que si je ne me trouve pas un coloc dans les 5 heures suivant notre conversation téléphonique, je perds l’appart que j’occupe depuis février, le tout sur un ton style “espèce de feignasse, sans boulot, être à ta place je me serais grouillé le cul à harceler le SDF du coin pour qu’il colocate”.
Passée l’étape de la stupeur, je m’interroge: “il va quand même pas prendre la peine de payer lui-même le camion de déménagement pour me foutre à la porte, cet enc*lé”. Eh bah presque. Le soir même, monsieur Big Shot s’amène à l’appart. Après avoir passé 45 minutes à être arrogant, suffisant, condescendant, et con tout court, il daigne m’annoncer qu’un peu plus tard dans la soirée, la future locataire de l’appartement viendra le visiter. Annoncée pour 20h00, elle ose se faire attendre jusqu’à 20h45. Qu’à cela ne tienne, j’ai que ça à foutre, moi, attendre, j’ai pas de boulot (dixit Big Shot).
Ding dong, on sonne. J’ouvre. J’arrête de respirer. Cette femme est la plus laide que j’aie jamais vu de ma vie. Je n’exagère pas, j’ai un témoin pour confirmer. Mi-quarantaine, fausse blonde, cellulitée de partout, même des joues (à moins que ce ne soit un restant d’acné coriace qu’elle entretient depuis son adolescence), habillée comme une pétasse de 16 ans, sourcils dessinés au crayon, contour de rouge à lèvres de la même couleur. Bref, un look d’ex-danseuse topless pas du tout repentie.
J’ai déjà la nausée, et elle n’a pas encore ouvert la bouche.
Elle se présente: “moé, c’est Hélène”. Haleine de fumeuse industrielle, championne toutes catégories, voix assortie: un adorable croisement entre une crécelle et une corne de brume.
A la fin de sa visite, elle me dit, sur le pas de la porte “bon ben t’es ben fine, j’vas sûrement rentrer pour l’mois d’Mai.”
Les Sherlock, à vous de jouer: si la jolie madame elle prend l’appart au complet, et qu’elle le prend dès le mois de Mai, j’ai combien de temps pour foutre le camp avec mes pénates ?
10 jours, très exactement. Et aucun recours possible contre qui que ce soit, je n’ai pas signé de vrai bail, bref, baisée d’un bout à l’autre je me retrouve, et j’ai rien senti en plus. Y’a deux catégories de gens dans ce monde de merde.
Bon c’est pas tout d’avoir envie de taper dans les murs, mais là faut trouver une solution, et vite. Même que là c’est plus de l’urgence, c’est carrément du suicide. Hop, weekend chez maman, histoire d’avoir peut-être des oreilles compréhensives et des cerveaux de plus pour cogiter.
Retour lundi dans la soirée: je ne sais toujours pas où je vais aller, mais je commence à préparer mon départ: les boites de carton s’empilent dans le salon.
Mardi en matinée, la poire belle Hélène s’amène et m’annonce que son camion de déménagement viendra jeudi dans l’après-midi. Joie, bonheur, félicité, tout ça, et en concentré si possible. Je saute littéralement d’euphorie, j’ai envie d’embrasser tout le monde, et d’écrire à Bush pour le féliciter pour l’Irak. Bref, je nage en plein délire, et je ne trouve pas de camisole de force.
Coup de fil de ma maman: “je connais quelqu’un qui connaît quelqu’un qui pourrait peut-être t’aider”. Hum moi les phrases qui commencent comme ça, je trouve ça toujours un peu douteux. Mais bon c’est pas comme si j’avais les moyens de douter et de prendre mon temps. Hop, mercredi soir, je vais visiter un endroit tenu par le quelqu’un connu par le quelqu’un que ma maman connaît.
Bon c’est exactement ce à quoi je m’attendais. Un coin de sous-sol froid et humide tapissé de vieilles fleurs, empestant le vieux parfum, avec un tapis aux couleurs douteuses, le tout déjà meublé. Après négociations, je peux utiliser mes meubles, faire brancher internet, et décorer un peu. Soulagement. Le déménagement peut commencer.
Je vous épargne tous les jurons et cris de douleur qui m’ont échappé durant les 3 derniers jours. Mais je peux vous dire que ce matin, il m’aurait fallu une pelle mécanique pour me sortir du lit tellement j’avais le dos et les bras en compote. Et je suis courbaturée des mains, je savais pas qu’on avait des muscles jusqu’au bout des phalanges. (Comment, “révise ton anatomie” ??)
Bref, en une semaine, j’ai connu 2 personnes de plus à détester, fait 6 voyages en voiture pour déménager, joué avec ma nouvelle chambre et mes meubles comme on joue avec un Cube Rubik, oublié de manger à plusieurs reprises, oublié comment on sourit, réussi à tout déménager sans me péter un seul ongle (et Dieu sait qu’ils cassent à rien) et aussi réussi à caser mon lit, mon bureau d’ordi, mon clavecin, une bibliothèque, une commode et des tas de trucs inutiles genre vêtements et bouquins dans une chambre de 12m². You can call me… euh… euh… non ne m’appelez pas, finalement. Mieux vaut que je termine de vider mes boites avant.
Bon là je vous vois, vous êtes en train de dire “bah tu vois, ça s’est arrangé”, et gnagnagna. Ouais, si on veut. A l’exception que je dois monter à la cuisine pour me faire du riz parce que j’ai pas de poêle en bas, que ma fenêtre fait 20cmX30cm, que mon frigo fait à peine 10cm de plus, que je dois plier mon lit chaque matin pour pouvoir me déplacer dans ma chambre, et que je n’ai plus l’ombre d’un cours d’eau à portée de 5 minutes à pattes, ouais, ça s’est arrangé.
Bref, veuillez m’excuser, je vais redéplier mon lit, j’ai du sommeil à rattraper. Et par pitié, évitez de me demander des JJMN, et même évitez de me demander quoi que ce soit, parce que là, je mords.
Ah et depuis le temps que je veux le poster: merci pour les Nachos.
Laisser un commentaire