(Comme si on avait jamais rien dit à ce sujet.)

Pour être originale, je vais parler de météo et de la neige et du froid et du Québec. (Mais pas de la rivière des Prairies qui m’a saoulée pendant la semaine que j’ai passé à Longueuil.)

D’abord j’ai commencé ma journée en cherchant ma voiture sous 20cm de neige. Ha ben mince, suis-je bête, fallait pas faire exprès de laisser traîner comme ça, ça ramasse des cochonneries, mine de rien.
Donc hop, je m’habille pour aller déneiger tout ça, sachant que le mec de l’entretien du parking va pas tarder à venir faire des tas de neige partout à grand coups de bip-bip-poussez-vous-je-recule.

Premier constat en sortant dehors: merdeuh, faudra pelleter pour me rendre jusqu’à la voiture. Emprunt de la pelle du voisin, qui lui s’escrime déjà sur l’igloo qui lui tient lieu de voiture.
5 minutes après, premier côté de la voiture atteint. Je peux penser à chercher la porte, puis la serrure, puis la clé dans ma poche, puis envoyer un coup de pied sur le pneu avant gauche pour faire tomber la neige du côté de la porte pour pouvoir ouvrir. Oùkilé le balai à neige, ah le voilà. Grmbl je ferais mieux de passer avec la pelle, à voir l’épaisseur qui s’étend nonchalamment sur le toit de mon machin roulant.

15 minutes après, première moitié de la voiture déneigée. Toute la neige qui était SUR la voiture est maintenant AUTOUR de la voiture. Yapluka repelleter pour redégager. Puis continuer sur la lancée pour atteindre l’autre côté de la voiture, histoire de répéter le même ballet, heu, balai à neige.

Bref, en tout et pour tout, 1 heure dehors à jouer de la pelle et du balai à neige pour redonner un look jeune et sportif (aheum) à mon… truc qui roule.
1 heure à me sentir comme un coiffeur qui tombe dans une tignasse de joueur de heavy metal repenti, coupe un petit peu, ramasse ce qui est tombé par terre pour pas remettre les pieds dedans, recoupe, reramasse, etc.
1 heure à entendre le voisin à qui j’ai emprunté la pelle me gratifier de tous les commérages des 5 dernières années. Alors la madame qui habite en bas de chez moi elle a un gamin mais ils sont presque jamais là, “a part souvent sua’ go”, la madame en haut va bientôt partir dans un foyer de vieux, et lui-même il est encore là avec sa femme mais “ben vite on va sacrer not’ camp en Floride parce que l’esti d’hiver j’en ai plein mon casse”, et puis j’ai des airs de famille avec ma coloc que je ne connaissais pas du tout avant il y a 3 semaines. C’est-y pas beau la vie ?

Après tout ce travail, je suis rentrée dans l’appart. Ca creuse, le grand air. Mais rassurez-vous, je n’ai pas travaillé pour rien, je devais sortir dans l’après-midi.
Evidemment, ce ne serait pas du jeu si je n’avais pas eu à re-gratter les vitres de la voiture parce que la température a vite refroidi et la neige qui était presque fondante s’est collée aux vitres.
Evidemment, ce ne serait pas du jeu si l’essuie-glace côté conducteur fonctionnait en suivant la courbure du pare-brise.
Evidemment, ce ne serait pas du jeu de déboucher le petit gicleur à lave-vitres (aka pisseux) qui refuse obstinément de doucher le pare-brise côté conducteur.
Evidemment, ce ne serait pas du jeu de conduire avec le miroir extérieur côté conducteur complètement givré parce qu’on a oublié de le gratter avant de partir.
Evidemment, ce ne serait pas du jeu si TOUTES les petites lignes dégivrantes de la vitre arrière fonctionnaient, et qu’aucune ne décidait de faire la grève, surtout pas celle du milieu, qui tombe pile dans le champ de vision.

Et avec tout ça, je ne suis pas garée. Avec les bancs de neige gros comme des maisons de yéti, pas facile de se trouver une place dans une rue. En fait, pas facile de se déplacer dans une rue.

Bref, viendez au Québec en hiver, on aura toujours quelque chose à vous faire pelleter. Et ne vous fiez pas à la couleur, c’est presque toujours de la neige.