Grâce à ma longue carrière de québécoise (loin d’être achevée, d’ailleurs, ma retraite c’est pas pour tout de suite, et c’est pas la faute à Raffarin), j’ai eu l’occasion de découvrir régions et contrées inexplorées ou à peine souillées par la main des hommes qui y ont mis le pied.
De tous ces endroits, selon la période à laquelle j’avais osé m’y balader innocemment, je me souviens de certains noms qui évoquent plus pour moi une crainte et un douloureux souvenir qu’une excursion anodine.
Le Québec n’est certes pas l’endroit le plus peuplé de la planète, mais il regorge d’espèces d’insectes piqueurs et suceurs de sang: mouches noires, maringouins, brûlots et frappe abord (aka taons) sont l’ennemi du campeur inconscient qui ose exposer sa peau sans protection à base de citronnelle.
Plusieurs points en commun avec les putes: ces ignobles bestioles (aka moustiques)(ou encore bibittes qui piquent) ont la sale habitude de commettre leurs méfaits à la faveur de l’obscurité. Seul le taon ose agir en plein jour. (De tous les insectes nommés, c’est le plus gros, le plus bruyant, bref, celui qui ne craint pas les représentants des forces de l’ordre, aka citronnelle, OFF !, Raid, et autres superproduits (non on n’a pas de SuperTimor).)
Comme les putes de la rue Sainte-Catherine, ils sont repérables de loin, mais à cause du son qu’ils produisent. Si on fait l’erreur de les considérer inoffensifs et que notre système ne dispose pas d’un bon degré de protection, ZZZZZZZPIK ! Le moustique attaque, et c’est loin d’être du racolage passif. Ces putes des bois sucent, mais pas pour votre bon plaisir, messieurs. Quand elles se carapatent, elles ont emporté leur précieux chargement de A, AB, B, O, Rh positif ou négatif, le tout dans le but de nourrir les oeufs pondus par les femelles (car ce sont les mâles qui piquent, uniquement)(ha les salauds) et de favoriser l’éclosion de millions de mignonnes petites larves qui, quelques jours après, viendront vous faire une prise de sang indésirée.
Pour parvenir à leurs fins, ils sont organisés en commando. La tactique est simple: tourbillon autour de la cible (jet de stabilisation inutile, vent force 15), puis attaque par escadrilles rangées. Endroits visés: les veines saillantes. La moindre tentative d’esquive est punie par un renforcement du tourbillon et des attaques piquantes.
Quand ils ont accompli leur besogne, ils laissent la place à d’autres: ils ne sont pas égoïstes et partagent les bons filons qu’ils trouvent !
Régions du Québec à éviter pour ne pas se faire bouffer tout rond: toutes, sauf les grandes villes, trop de pollutions. Ces prostituées ailées (faites la liaison en prononçant les 2 mots, ça fait “zélées” aussi, marrant non ?) préfèrent l’air pur.
Périodes de l’année à éviter: fin Mai, Juin, Juillet, jusqu’à la mi-août.
Bref, ma longue expérience en survie dans ces endroits sauvages m’a donné une certaine longueur d’avance sur la population planétaire, moins familière avec le problème des bestioles qui piquent. Je sais les repérer, où ne pas aller, quand, les éviter, et me battre contre eux si nécessaire. (Parce que c’est tout un art, cette guerre aux moustiques. Rien à voir avec Sun-Tsu.)(Mais il faut effectivement savoir rester zen.)
Malheureusement, cette expérience n’est pas payante partout: je ne m’y connais qu’en bestioles et tactiques québécoises ! Résultat, certaines bestioles d’ici ont réussi à m’attaquer. Je me plaindrai à la direction ! Ces bestioles emploient des tactiques illégales !
Non contentes de me piquer, elles provoquent des réactions allergiques sur mon derme doux, lisse et pur. Depuis quelques jours maintenant, mon genou gauche ainsi que mes deux bras sont mutilés par d’horribles éruptions cutanées, d’une couleur plus claire que le reste de la peau, avec en son centre le cratère, rouge vif.
CA PIQUE, MERDE !!! Et c’est pas des petites éruptions, hein, rien à voir avec l’urticaire. Consulte un apothicaire, me direz-vous. (Voyez, encore des rimes…) Inutile, j’ai déjà pommades et gélules anti-réaction allergiques…
Si seulement je savais quand et où je me suis fait piquer, je ne me laisserais pas avoir de nouveau, mais non ! C’est vraiment une tactique illégale, je vous dis ! Sournois, discret, silencieux, indolore à l’action, ce n’est que quelques minutes après que la réaction se fait sentir, et il est déjà trop tard !
Bref, aucun moyen de les repérer, de les identifier, de les éviter ou de les traquer. Qui plus est, ces saloperies agissent dehors comme à l’intérieur. Déduction: elles ont des ailes ? Elles agissent aussi pendant mon sommeil. Déduction: elles ont un détecteur d’ondes cérébrales, et n’attaquent que les gens qui dorment ?
Bref (mot compte double), je suis attaquée, et sans défense. BANDE DE LACHES !! C’est pas du jeu !
M’enfin tout ça pour dire que sur le genou gauche j’ai une piqûre qui a enflé plus que les autres, que ça m’inquiète, que toutes me grattent insupportablement, et que c’est pas le moment de rentrer au Québec parce que c’est en plein la période rouge !!!
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