Je hais les endroits publics bondés, et ils me le rendent bien.

Hier, aux Halles, à la fnac, j’ai eu une réaction que j’avais déjà eue auparavant, mais jamais aussi forte: des étourdissements, rythme cardiaque qui s’affole, difficulté à respirer, je voyais des points noirs et blancs, bref, je ne me sentais pas très bien. J’ai du aller prendre l’air dehors à toute vitesse, je sentais que l’évanouissement n’était pas très loin… ce qui est encore plus paniquant, parce que j’ai pas du tout envie d’avoir un malaise dans un endroit public, alors je m’affole encore plus, et hop, la boucle est bouclée.
Outre le constat de cette agoraphobie, (maintenant je n’ai plus aucun doute, avant je pouvais encore expliquer autrement ces malaises, du genre “manque de sommeil, mauvaise alimentation, etc.”) cette réaction m’inquiète franchement, et je me pose des questions.

Par quoi l’agoraphobie est-elle causée ? Une phobie peut clairement être provoquée, mais peut-elle être innée ? Dans mon cas, qu’est-ce qui pourrait justifier cette phobie ? Est-ce que ça s’accentue avec l’âge, ou au contraire, ça s’atténue ?

D’un autre côté, ce ne sont pas toutes les foules qui génèrent un malaise chez moi: je crois deviner que ce ne sont que les foules en mouvement. Peu importe l’ampleur du mouvement (dans un escalator, une rame de métro, ou tout simplement en marchant), c’est trop pour moi. Par contre, si je suis dans un ascenseur, là, ça va. A moins que je me fasse bousculer par quelqu’un qui doit sortir. Dès qu’on me touche, ma bulle d’espace vital n’est plus efficace pour me protéger, et je panique. Déjà, être dans un ascenseur bondé, c’était limite, mais acceptable, puisque temporaire. Et je ne suis pas claustrophobe, dieu merci.
Si je suis devant ou derrière cette foule, sur un point plus élevé (que ce soit une scène ou un promontoir naturel) ou dans un amphi, là aussi ça va, nickel. Mes expériences de théâtre et de musique m’ont habituée à des foules plutôt massives, mais distantes.

Outre ma réaction de panique, j’ai réalisé autre chose: les masses en général sont les seules choses qui arrivent à me faire perdre patience. Par exemple, je n’ai maintenant plus aucun doute quant à ma faculté de tuer un être humain suite à une montée d’agressivité dans le métro. Une nuée de moustiques doit être fuie au plus vite, ou hécatombisée en moins de 2. Une trop grande quantité d’êtres vivants me met franchement très mal à l’aise. Même dans un petit groupe de personne, je ne suis à l’aise que dans 2 situations: si personne ne porte attention à moi, ou si au contraire j’ai l’attention de tout le monde. Mais ça, je ne peux pas le supporter longtemps non plus.

La SEULE chose qui fait que tout ce que j’ai évoqué ici jusqu’à maintenant puisse être faux, c’est si je suis en présence de quelqu’un en qui j’ai confiance, parce que sa présence génère assez de confort dans mon esprit pour que j’oublie l’inconfort extérieur de la foule qui m’environne.
Si je suis seule, je n’ai alors qu’un seul désir: passer inaperçu, et fuir au plus vite.

Plus ça va, plus j’ai l’impression qu’il n’y a qu’une seule solution: ermite au Groënland.